Après Halifax et toujours faute de vent, on mouille l’ancre devant Eastern Passage, à quelques milles. Petit village de pêcheurs situé en face de McNabs Island, haut lieu historique des tribues indiennes Mi’kmaq.
Catégorie : Articles d’Anso
Le brouillard ne finira-t-il donc jamais ? Parfois, on aperçoit la mer jusqu’à 50m alentours, d’autres fois, on ne voit pas à 10m devant nous. La navigation est douloureuse. Veille permanente sur le pont, dans l’humidité glaciale. A l’intérieur du bateau, il fait entre 12 et 15° car en navigation, par mer formée, le poêle est rarement allumé.
Des informations sur l’avitaillement, il y en a plein sur internet. On trouve des listes et des listes de courses à faire, des techniques pour calculer les quantités en fonction de la composition de l’équipage, le poids de tout ce stock, la manière de le répartir dans les coffres, les moyens de conservation des produits, etc.
Marre, marre, marre ! J’ai envie de pleurer, de ramper sous la couette et d’attendre que ça passe. Mais je ne peux pas.
Oleo quitte New-York par l’East River, passe sous le pont de Brooklyn, longe Manhattan jusqu’à Harlem puis file vers le nord. Le courant nous porte à plus de 7 noeuds. Le vent souffle. Petite étape, on prend une bouée dans la jolie baie de Manhasset. Le poêle réchauffe agréablement le bateau en soirée.
New-York, New-York
New-York ! Enfin, nous y sommes. Après 4 jours de navigation pénible entre des calmes et des vents jusqu’à 40 noeuds, la statue de la Liberté et Manhattan se dessinent sous nos yeux. Que dire de l’émotion ressentie lorsqu’Oleo passe sous la flamme de la belle dame ?
Quitte Charleston en fin de matinée. Bon vent, vitesse d’Oleo entre 5 et 6 noeuds, vent arrière, peu de houle. Pas de mal de mer pour l’équipage, ça fait plaisir ! Une nuit en mer.
Je lis. Souvent. Trop d’après Guillaume. N’ayant pas grand chose à me mettre sous la dent en ce moment, je profite de notre escale à Beaufort, Caroline du Nord, pour prendre le journal.
On est en route pour Charleston, ce midi, je prépare des linguini aux asperges vertes accompagnés d’une sauce à la crème fraîche épaisse de France (UHT, retrouvée dans le fond d’un équipet), parmesan, cumin, fleur de sel de Bonavista et tour de poivre. Hier, c’était un risotto au pesto, petits-pois carottes. Franchement, ce n’est pas mauvais. Si nous n’étions pas obligés de manger ce type de nourriture tous les jours, on trouverait même ça bon. Mais voilà, on se lasse. Du coup, on fantasme sur la nourriture.
Oleo est en mer entre les Bahamas et la Floride. Les filles lèchent le fond du plat pendant que je mets à cuire le gâteau au chocolat. C’est l’anniversaire de Charlie, 3 ans aujourd’hui !
Voici presqu’un an que nous naviguons avec nos deux petites, Charlie, 3 ans ce mois-ci, Axelle, 15 mois maintenant. Que dire sinon que nous sommes des parents comblés ? Le bateau, surtout en navigation, est le lieu propice aux câlins, aux longs moments dédiés aux histoires, aux jeux, aux chansons. Nous voulions passer du temps avec nos filles avant qu’elles soient trop grandes, mission accomplie !
Pendant qu’Oleo approche de Lee Stocking Island dans les Exumas, Axelle trempe dans un bain. On tente d’atténuer les tâches de mercurochrome dont elle s’est barbouillée, la banquette avec. Guillaume veille sur la route et prépare le mouillage. Charlie, elle, joue dans le cockpit. Je respire à plein poumon le vent doux. Il charrie dans son sillage l’odeur des résineux, des jours heureux, d’un soupçon d’ailleurs aussi.
Les yeux rivés sur le sondeur, les chiffres défilent : 2m10, 1m90, 2m, 1m90, 1m80, 1m70, 1m60, 1m50, 1m40, 1m30, oups ! Le tirant d’eau d’Oleo est de 1,30 mètre, marche arrière toute. On est positionné devant la passe de Hog Cay Cut mais celle-ci ne se laisse pas faire. Il y a un chemin dans le banc, mais où ?
Friendly Neighbors
Après avoir salué Ed, Oleo s’en va vers Flamingo Cay. Dans la passe, un vent contre courant soulève des vagues escarpées. La proue du bateau pique dans les creux, droit sur les rochers. Heureusement, nous avons tout juste assez d’eau pour passer. Nous mouillons sur la fabuleuse plage du nord de l’île. Le bateau se balance doucement, seul au milieu d’une piscine turquoise, dans deux mètres d’eau cristalline. La baie est bordée d’une magnifique étendue de sable blanc. On entend chanter les oiseaux. Le sable est si fin qu’on dirait de la farine soyeuse.
A la Robinson
30 heures de navigation et nous voici presque arrivés à Raccoon Cay, petite île déserte des Bahamas. Oleo louvoie lentement entre les récifs coralliens, un gros requin noir nous fait une queue de poisson. Plus loin, une maman dauphin nous salue avec son petit.