Voici tout ce que nous aurions aimé savoir pour préparer notre séjour aux Bahamas, suite à notre passage en 2016. Disons-le tout de suite, cette vaste zone de navigation est extraordinaire ! Des centaines d’îles, des milliers de plages magnifiques, une eau turquoise et transparente, un très bon accueil des Bahamiens et un vivier de poissons et de crustacés vous y attendent.
Quelques généralités géographiques pour commencer. Le sud-est (Jumentos, Ragged, Acklins, Iguana) est presque désert. Si jouer à Robinson et pêcher tranquillement vous tente alors il faut y consacrer du temps, car il est difficile d’y revenir à la voile quand on progresse plus au nord. Préparez des vivres, soyez autonome et vous passerez des jours heureux dans ces zones.
Passé George Town on retrouve la civilisation et le monde. Les Exumas sont très belles mais très visitées, c’est l’occasion de profiter des plages, des îles aux Iguanes et aux cochons, de la grotte de James Bond et de ces extraordinaires canaux turquoises qui passent à travers les mangroves de Shroud Cay que l’on peut parcourir en annexe… avec de nombreux autres voiliers, bateaux à moteurs et super-yachts.
Un peu plus haut, Eleuthera est un havre de paix par vent dominant d’Est beaucoup plus prisé par les voiliers que par les bateaux à moteur. A Nassau on trouve de tout, mais l’endroit est peu sûr, il faut bien veiller à son annexe. Nous ne sommes pas allé aux Abacos et à Andros, mais le premier a la réputation d’être américanisé bien que la navigation y soit très intéressante et le second est très vaste, peu visité car moins attrayant, plus difficile d’accès et moins sûr… gare aux mauvaises rencontres avec les trafiquants qui opèrent à l’Ouest.
Côté formalités, il faut d’abord passer par un port d’entrée avec pavillon Q et payer les 150$ (<35 pieds) ou 300$ (>=35 pieds) de taxes contre un cruising permit et un permis de pêche valables 1 an. C’est un peu cher, mais vite rentabilisé si vous y passez du temps et que vous savez pêcher. Se présenter avec passeports, papiers du bateau et membres de l’équipage. Il ne semble pas nécessaire d’effectuer les formalités de sortie… nous les avons faites, on a troqué tous les papiers d’entrée contre une photocopie du cruising permit et aucun document daté faisant office de clearance.
Côté cartographie, pour naviguer à travers les hauts-fonds des Bahamas, les « explorer charts » en version papier sont indispensables. Les CM93 sont peu précises mais peuvent être utiles pour naviguer à travers les bancs. Les cartes Navionics sont souvent fausses, elles indiquent 3m là où il y a 1m, décevant… elles seront en revanche plus utiles au nord où les erreurs sont moins fréquentes. Il existe des applications pour tablettes basées sur les explorer charts, plus faciles à se procurer et moins onéreuses, les utilisateurs que nous avons croisés en sont satisfaits.
On a aussi beaucoup navigué avec google-earth qui nous semble un bon complément aux explorer charts pour connaître la nature des fonds, évaluer la hauteur d’eau là où les cartes sont peu précises et repérer les dangers potentiels. Nous pouvons vous affirmer par exemple que la passe nord de Flamingo est franchissable (il y a 6m de fond minimum) alors qu’aucune carte ne l’indique. On prends ce genre de risque avec une vue google détaillée et un sonar (FLS bronze) en avançant doucement.
Si aux Bahamas les marées sont faibles (2 à 3 pieds de marnage en général), les courants peuvent être forts, jusqu’à 6 nœuds dans certaines passes. Il ne faut pas négliger les vents contre courant dans ces passes, qui soulèvent des vagues escarpées. L’archipel est constitué de bassins très profonds (entre 1000 et 4000m) qui côtoient de vastes plateaux peu profonds (entre 0 et 10m) de fonds sableux. Pour connaître le sens du courant c’est assez intuitif, à marée descendante les plateaux se vident et à marée montante c’est l’inverse.
Pour naviguer sur le plateau, il vaut mieux choisir une météo sans nuage pour avoir une meilleure estimation des obstacles que l’on peut y rencontrer. Les fonds de sable sont clairs, quelques fonds constitués de dalles de roches sont assez clairs aussi (faire attention avant de les traverser), les tâches sombres peuvent être des herbiers (franchissables), une patate de corail profonde ou un petit nuage (si la tâche se déplace alors ça vient du ciel).
Les zones localisées bien noires sont à éviter, il s’agit de patates de corail affleurantes et les zones très claires des remontées de sable qui peuvent émerger à marée basse… on en a traversé beaucoup au sondeur, comme leur pente est faible il est facile de trouver l’endroit où l’on a assez d’eau pour franchir l’obstacle.
Côté mouillage, il y a le choix ! On a trouvé des abris contre les coups de vent partout, même dans les coins les plus reculés. En général le fond est de sable et ça croche bien. Mais il se peut qu’il s’agisse d’un plateau rocheux surmonté d’une fine couche de sable, dans ce cas ça tient moins bien… il vaut mieux vérifier que ça croche avant d’enchaîner sur l’apéro. Dans les zones fréquentées il y a des bouées à disposition plus ou moins gratuites, mais on peut en général mouiller à côté. Les marinas sont inexistantes au sud, il y en a au nord à des tarifs exorbitants, nous ne les avons pas fréquentées.
10 réponses sur « Navigation aux Bahamas »
le retour à la civilisation en Floride va être rude, après toutes ces semaines.
Bruno
On doit avouer qu’on est, au contraire, plutôt content de retrouver la civilisation et de découvrir les USA. Les plages de sable fin et les eaux cristallines des Bahamas sont splendides mais à la fin on avait envie d’autre chose. L’avantage de notre passage rapide, c’est qu’on a maintenant une bonne idée de ce que sont les Bahamas et comment en profiter un maximum la prochaine fois. Ce petit article est une sorte de mémento pour se rappeler de l’essentiel.
bonjour guillaume,
merci pour ce petit topic très utile!
je navigue sur un superyacht calant 3,5m, est-ce que tu peux me donner les coins un peu tranquille dans lesquels on peut se mettre au mouillage? j’ai regardé les cartes il semblerait qu’il n’y a vraiment pas de fond dans la plupart des coins…
on ne cherche pas vraiment les spots super touristiques ou bondés de yacht, mais plutôt les petits mouillages peinards où on sera pas emmerdé.
par avance merci,
lucas
Bonjour Lucas. Tous les spots sont vraiment bien et pour être « peinards » il vaut mieux aller au sud ou à l’est. Caler 3,5m est effectivement un peu handicapant mais il existe de beaux endroits à trouver grâce aux cartes et aux documents. Je ne peux que recommander le guide des bahamas de Philippe Pelletier pour visiter les Bahamas avec un maximum d’information. Bon séjour dans les eaux turquoises !
Bonjour, nous avons navigué dans les Exumas au printemps 2016. Nous étions partis de Fort Lauderdale, en Floride. Le tirant d’eau de notre voilier est de 6′ 8″ ( environ 200cm ). Ceci nous inquiétait en raison des nombreuses têtes de corraux sur le parcours. Mais, sur le conseil d’un ami, nous avons utilisé BlueChart de Garmin téléchargée sur un iPad. En joignant l’application Active Captain nous avions toutes les informations. À mon avis, Blue Chart de Garmin est la meilleure à utiliser aux Bahamas. Tout est accessible sans lien internet.
Merci Jean-Marie pour ces précisions. Il est vrai que dans cette zone de navigation il faut bien choisir ses cartes car toutes ne sont pas à jour. Bonnes navigations.
Que pensez vous des cartes ISailor? Merci
Elles sont fiables.
Bonjour,
Merci à tous pour ces précieuses informations.
Nous pensons bien profiter de ces jolis coins avant d’embouquer le Panama lors de notre périple.
Calant 2,20 m, j’avais un peu d’angoisse…
Bonne journée,
Patrice sur Ar-men
Bonjour Patrice,
De rien, ça fait plaisir d’entendre que ça vous est utile !