Le voilier de voyage dispose d’un autre atout majeur en faveur de la déconsommation et du frugalisme, à savoir un budget courant souvent limité faute d’un travail rémunérateur généralement incompatible avec le nomadisme. Certains arrivent à combiner voyage et travail salarié, mais ils semblent peu nombreux.
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Vivre en voilier de voyage vous confronte chaque jour à l’impact néfaste de l’homme sur son environnement. Le plastique jonche nos plages. Les ancres se coincent de temps en temps dans les détritus déposés sur les fonds. Les côtes du Groenland sont accessibles et libres de glace de plus en plus tôt dans la saison. Votre ligne de pêche s’emmêle dans les nappes de sargasse et vous croisez parfois de drôles d’OFNI sur votre route.
A terre, se débarrasser de ses détritus ou de son surplus est un peu trop facile : ramassage des ordures hebdomadaire, déchetterie, tout à l’égout, Le bon coin ou Emmaüs par exemple.
Pour moi et en toute ignorance, les survivalistes représentent une sorte d’homme des bois qui accumule dans des bunkers souterrains bidons d’essence, piles électriques et boites de conserves en prévision d’une troisième guerre mondiale. Mais à bien y réfléchir, la vie en voilier de voyage fait peut-être de nous des survivalistes qui s’ignorent.
Le minimalisme en voilier
On peut dire, avec une marge d’erreur limitée, qu’un voilier dispose de moins de volume habitable qu’une maison ou un appartement. Par conséquent, passer d’un habitat traditionnel à un bateau nécessite un arbitrage minutieux concernant les affaires qu’on y amène. Et même sur un super yacht, une démarche minimaliste est possible !
Un bateau tendance écolo ?
Dans la perspective de plus en plus proche d’un nouveau voyage au long cours, serons-nous à la pointe de la tendance en matière d’éco-responsabilité à bord de notre voilier ? Et vous ?
Vue de la terre
De bon matin, nous quittons le bateau pour rallier l’aéroport. Le train nous emmène à Belfast, puis le bus à Dublin pour notre vol. Guillaume nous laisse au contrôle douanier. 15 mois que nous ne nous sommes pas quittés, ça fait un choc de le voir rester en arrière.
Mais le voyage n’est pas terminé !
Un si petit monde
Oleo est à Midvag sur l’île de Vagar aux Féroé. Pour commencer, nous entrons dans le petit port pour faire le plein de fuel. Nous consommons beaucoup ces derniers temps. La pompe à essence est en danois. Vive google traduction qui nous permet de comprendre les instructions à la sixième tentative.
Oleo s’élance des îles Vestmann vers les Féroé. Les deux premiers jours de navigation se font partie au moteur, partie à la voile par vent faible et petite mer. Tout va bien. Le troisième jour, cependant, le vent forcit. Nous renouons avec le pré serré dans une mer formée.
Il pleut. Il fait froid. Il y a du brouillard. Nous quittons Reykjavik avec les pires conditions météo depuis notre arrivée. J’ai mal dormi. Je n’ai pas envie de naviguer. Les petites veulent aller jouer à terre. Elles sont énervées.
Le port n’est pas bien grand. Une dizaine de bateau de voyage sont amarrés, essentiellement des norvégiens. La ville est envahit de touristes. Le français résonne à chaque coin de rue de Reykjavík. On tente de faire profil bas. Charlie nous trahit à chaque instant avec son bavardage incessant.
Nous bénéficions d’un temps pour le moins exceptionnel depuis notre arrivée au Groenland. Il fait la plupart du temps grand soleil et chaud. Enfin, chaud, ça veut dire entre 5 et 10° à l’ombre et 15 et 18° au soleil. Pas si mal quand on oublie que c’est l’été. Le poêle est souvent éteint. On supporte sans problème les levers avec 11° dans le bateau.
Aujourd’hui, on joue aux explorateurs. Oleo s’en va dans un petit fjord près de Nanortalik tester le mouillage en eaux profondes et l’ancre file par 60 mètres de fond. On a l’impression de naviguer dans un lac des Alpes, au milieu des montagnes. C’est superbe.
Le plaisir de se réveiller à quai après 5 jours de mer ! Sitôt levés, on part explorer le village. Avec ses maisons bariolées, ses collines de rocaille et de boutons d’or, Nanortalik explose en couleurs sur fond de montagnes noires et blanches, voilées d’écharpes de brume.