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Où l’anglais nous fait défaut

Vite ! Un cata est à l’approche du pont, il demande son ouverture à la VHF. Remontons l’ancre, on suivra dans la foulée. Ni une, ni deux, Guillaume est sur le pont, à la barre je soulage le guindeau pendant qu’il hisse le mouillage. On ne peut quitter Ariane comme ça, il faut leur dire au revoir. Oleo passe près de nos voisins, on se salue. Saperlipopette, le pont se referme !

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A la VHF, je bégaie comme je peux ma demande. Les tableaux du pont hésitent puis restent suspendus dans les airs, l’opérateur nous invite à passer. La journée s’annonce bien. Il fait beau, l’air est doux, l’ICW se dévoile devant nous. Un soupçon de nostalgie m’étreint au souvenir de la Loire de mon enfance.

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Le chenal, étroit, est délimité par des perches rouges et vertes dans un vaste canal semblable à une large rivière. Les berges, arborées, sont plantées de splendides maisons, ponctuées de petits pontons. Des dauphins paresseux traversent devant le bateau, des pélicans survolent de toute leur envergure l’eau, des hérons aux longues pattes nous regardent passer, perchés sur des bancs de sable. Le chenal louvoie entre des îlots romantiques. On aperçoit des tables de pique-nique sous le couvert des arbres. Les oiseaux pépient, de temps en temps, on entend un paon.

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Le trafic est moins dense que nous le pensions. Souvent seuls, on se fait parfois doubler par un canot, un bateau à moteur, un voilier aussi. On passe près de barques de pêcheurs, les hameçons filent dans l’air avant de plonger dans la rivière. La balade est paisible. Le bruit de notre moteur trouble un peu cette quiétude. Heureusement, en milieu de journée nous entamons une section où Oleo peut poursuivre à la voile.

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Malgré la beauté du paysage, la navigation dans l’ICW demeure exigeante. Le chenal est étroit, les ponts sont nombreux. Il faut être sans cesse à l’extérieur, vigilant. Les petites trouvent le temps un peu long, surtout Axelle qui ne tient pas en place. Le soir, on jette l’ancre près des berges.

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Un grillon a adopté Oleo. Il a embarqué depuis quelques temps, planqué quelque part sur le bateau. A la tombée du jour, il nous chante la sérénade. C’est un petit air de campagne estivale qui nous accompagne.

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Nous nous gorgeons de fruits et légumes frais. Après la pénurie des Bahamas, quoi de mieux que des tomates à la chaire parfumée, des avocats beurre, des bananes fermes et fondantes, des poivrons brillants, des petits concombres croquants, des pommes juteuses ou des melons savoureux ?

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Notre pavillon français, fidèle depuis notre départ, nous lâche. Il devient impossible de retrouver parmi ses lambeaux, les couleurs de notre belle France. Ici, dans une patrie qui voue un culte à sa bannière, notre pavillon nous fait honte. Le drapeau américain est omniprésent. Les berges sont pavoisées de blanc, de bleu, de rouge et d’étoiles. Chaque maison, chaque ponton en est décoré et je vous prie de croire que ce ne sont pas des modèles réduits.

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Nous n’avons malheureusement pas de pavillon de rechange. Dites-moi, vous qui lisez ce billet, combien êtes-vous à posséder un drapeau français au fond de vos armoires ? Levez bien haut la main. Ah, je n’en vois pas beaucoup. N’en ayant pas trouvé non plus dans le ship de Fort Pierce et bien que le vendeur ait proposé de nous en faire coudre un par sa femme, nous décidons de nous débrouiller avec les moyens du bord. Nous découpons un pavillon réglementaire pour fabriquer un nouveau drapeau français. On ne peut pas dire qu’il soit XXL, mais au moins, on en a de rechange pour les années à venir.

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Nous aimerions nous arrêter, mais les Etats-Unis, c’est grand. Eh oui. On s’en rend d’autant mieux compte quand on y est. Voilà déjà une bonne semaine que nous sommes en Floride et il nous reste un sacré bout de chemin d’ici le Canada. Si nous voulons être à l’été dans le nord, nous avons intérêt à monter.

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C’est frustrant, nous aurons à peine le temps d’améliorer notre anglais. Il faut dire qu’on a un peu de mal avec l’américain. Pour être honnête, on a du mal avec l’anglais de manière générale. En face à face, quand on sait à peu près ce que les gens vont nous dire, on se débrouille (si, si), mais au téléphone ou mieux encore à la VHF crachotante, je vous prie de croire que même avec toute notre bonne volonté, on a encore du mal à comprendre plus d’un mot sur deux. Hein ? Can you repeat slowly please ?

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Bref, on s’excuse platement auprès de l’opérateur du dernier pont ouvrant de Ponce de Leon qui nous a dit plein de choses très sympas à la radio mais qu’on a absolument pas compris. On a préféré prendre la tangente vers le grand large et finir la route jusqu’à Charleston par la mer. Avec un vent médiocre, 3 jours de navigation. Vivement l’arrivée !

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2 réponses sur « Où l’anglais nous fait défaut »

Ça fait quand même bien rêver cette Floride ☀️!
Très belles photos !
Et bien mignon pavillon français…
Mille bisous

On est d’accord, il y a de très belles maisons et même les panoramas de grattes-ciel peuvent être beaux avec un soleil couchant par exemple. On passe aussi dans des endroits très préservés, la nature n’est jamais loin, les oiseaux, les dauphins non plus. Dommage qu’on aille si vite ! Bisou

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