Catégories
Articles d'Anso Atlantique 2015

Trans-golfage ?

Engolfer, dégolfer, transgolfer, quel mot pour la traversée du golfe de Gascogne ? Nous partons dans une heure et ce détail me turlupine. Oleo pique au sud, enfin ! Le soleil nous y attendra-t-il ?

Ce samedi matin, nous avons débarqué à Camaret-sur-mer pour acheter du pain frais, croustillant, un poulet cuit à l’odeur alléchante, des fruits et légumes, une grosse bouteille de rhum pour nous soutenir.

L’annexe est bien calée sur le portique, tout ce qui reste sur le pont est amarré solidement, à l’intérieur chaque chose trouve sa place pour la traversée, même la plus inhabituelle : les pommes de terre se retrouvent par terre sous la table à tribord histoire d’équilibrer le bateau…

La météo devrait nous être favorable avec un petit vent de nord forcissant lundi. Toutefois, les prévisions étant très changeantes ces derniers jours, nous restons prudents. Le voyage durera probablement 3 ou 4 jours en fonction du temps. Un crachin tout breton déverse ses larmes sur notre capote pour le départ. Quelques heures plus tard, le ciel se dégage et nous offre un peu de bleu pommelé de blanc et de gris.

Pour premier menu de la traversée, nous nous régalons de galettes de blé noir au saumon fumé. Charlie, légèrement indisposée, se contente d’une banane dans le cockpit. L’humeur ensoleillée à bord compense la fraîcheur de cet fin d’été.

A la sortie du raz de Sein, le jour décline rapidement tandis qu’une lune éclatante vient jouer sur les flots. La longue veille commence.

Le vent nous manque, la bôme grince, le génois flotte. Guillaume envoie le spi, Oleo avance à moins de 3 noeuds. La nuit passe, sereine. A l’aube, une lueur rosée enchante l’horizon. Axelle gazouille en attendant son biberon. Au petit-déjeuner en famille, des crêpes au caramel accompagnent notre café. Le soleil est encore bas sur la mer quand des dauphins viennent rendre visite à Charlie.

Le vent souffle à peine et nous oblige à appuyer de nombreuses heures au moteur. Le bruit gâche un peu le plaisir, mais le ciel est dégagé, il fait beau. Le temps passe entre gommettes, siestes, repas, livres, bains sous le soleil, chatouilles et sourires. Guillaume prend aussi un moment pour changer l’interrupteur de notre bientôt célèbre caisse de récupération des eaux grises. Espérons que ça tienne !

Nous abordons la seconde nuit avec un peu de fatigue. Heureusement le vent se lève un peu, nous espérons avancer un peu mieux. Guillaume assure de nouveau l’essentiel de la veille. Je me lève à minuit, aider à la manoeuvre, puis de trois à cinq pour mon quart.

Oleo profite du vent, la houle aussi. Les vagues se sont creusées et culminent à environ trois mètres, elles viennent d’ouest et de nord, secouant le bateau à leur passage. Charlie est un peu malade et j’ai des difficultés à vaquer à mes occupations à l’intérieur. Aujourd’hui, nous nous contenterons de raviolis réchauffés.

Fatigués par deux petites nuits, nous tentons vainement de nous reposer mais les filles et les voiles réclament notre attention. Au passage, nous apercevons par trois fois le panache d’une baleine à tribord. Nous n’en verrons pas plus cette fois-ci.

La troisième nuit est difficile. Guillaume se lève toutes les vingt minutes pour s’assurer que tout va bien, mais à partir de quatre heures, il n’entend plus son réveil. Je me lève pour prendre le relais. Heureusement, Oleo avance bien, le vent s’est établi.

Vers 9 heures, terre, l’Espagne est en vue ! L’équipage est impatient d’arriver. La houle s’est calmée, nous en profitons pour préparer une salade composée, fraîche et vitaminée pour terminer cette traversée.

Nous faisons notre entrée à La Corogne vers 18 heures accompagnés d’un petit vent glacial, de nuages gris et d’une température digne de nos étapes irlandaises. Le soleil aurait-il déserté ? Nous compensons cette déception par des retrouvailles avec les parents de Guillaume, venus par voie de terre, fêter notre première étape espagnole.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.