Au départ de l’île de Lismore où nous avons mouillés en flottille, le vent est favorable pour aborder à la voile le sound of Mull. Entre périodes de pétole et de vent nous avons tout notre temps.
Le sound est très visité par les voiliers et les bateaux de tourisme. Nous arrivons finalement à Tobermory, au Nord de l’île, avec Jaoul. Après avoir parcouru l’abri au moteur, il paraît évident que le seul mouillage correct est condamné par la marina, ses pontons et ses bouées.
Le piège se referme sur nous, Oléo se retrouve attaché à la laisse d’une bouée bleue à 15£ appartenant à maîtresse marina. Tobermory est une ville jolie et sympathique avec une distillerie que nous n’avons pas visitée. Pour notre deuxième nuit dans la baie nous tentons un mouillage un peu risqué car les fonds sont très en pente. Oléo s’en sortira très bien.
Une nuit de plus afin de croiser nos copains, en coup de vent car nous passons la soirée en famille autour d’un délicieux poulet au curry sauce coco d’Anso. Nous profitons de plus en plus de notre fille Charlie qui s’éveille et grandit très bien. Davantage de sourires, moins de pleurs, tout va bien.
Elle est même capable de nous rendre quelques services, tels que tenir la bouteille de l’apéro pendant que papa et maman s’affairent avec le saucisson et les tartines de pâté.
Départ le lendemain après-midi pour l’île de Rum. Le vent est portant, Oléo avance bien et le bonheur d’être en mer est retrouvé ! Les petites îles sont un plaisir pour les yeux malgré la pluie. Enfin, Rum est en vue, une île magestueuse aux hautes montagnes.
Après une nuit venteuse, nous nous rendons à terre et c’est la surprise : nous tombons sous le charme de cet endroit ! Un accueil visiteur est aménagé, service poubelles, sanitaires, douches, petit musée. Tout est gratuit sauf la douche à 1,5£, un cabanon en bois doté d’une petite boite aux lettres « Honesty box » (boite de l’honnêteté), destinée au paiement.
Nous poursuivons notre route par les petits chemins, croisons un coin camping lui aussi très bien entretenu. Des aménagements qui n’empiètent pas sur le côté « nature » et sauvage de cette réserve naturelle.
Le bas de l’île est très boisé et parsemé de petits ruisseaux qui participent à son charme. De nombreux petits ponts permettent de les traverser.
Nous décidons de profiter de l’île par une balade en suivant le chemin « pissenlit rouge ». Des petites bornes nous indiquent où aller en fonction du tour qu’on souhaite faire.
En route, nous croisons le château de l’île, un monument assez récent qui a servi d’accueil aux touristes par le passé, mais qui se retrouve officiellement « à l’abandon », bien que toujours entretenu.
Anso me fait remarquer que les espaces boisés sont très diversifiés. L’île est en effet remplie d’arbres et arbustes de toutes sortes qui sont largement irrigués par les cours d’eau.
On passe d’un paysage à l’autre en sortant du bois. La montagne est clairsemée, une odeur de pin l’accompagne, de petits conifères arrivent encore à pousser dans cet espace de roche et de verdure mouillée.
Notre sentier s’arrête avant le premier col. Je tente un hors piste dans l’espoir de voir ce qu’il y a de l’autre côté, mais faute de préparation et un sommet en cachant toujours un autre, j’abandonne en me disant qu’avec une carte et du matériel ça serait mieux.
Même Charlie profite de l’air de la montagne ! C’est sa première ascension, qu’elle effectue en dormant dans le porte bébé, au chaud contre maman.
Oléo était ancrée dans la baie avec 8 autres voiliers qui sont partis. La météo étant défavorable à une nuit supplémentaire, nous décidons de faire la même chose pour une autre destination. Nous resterons finalement un peu plus pour dîner avec Régis qui arrive sur Jaoul. J’exprime du remors à quitter la baie alors que Jaoul reste, planqué derrière la jetée. Mais la météo n’est plus à notre avantage et je ne veux pas prendre de risque avec Charlie à bord. Je bataille avec l’ancre qui s’est coincée dans la roche, puis nous hissons les voiles direction Mallaig.
Certes, nous sommes dans un abri sûr contre le vent qui tourne sud-est. Mais la marina qui est indiquée à 10£ par catway s’avère plus chère : 24£ pour Oleo… sans douche, ni sanitaires, électricité non comprise ! Anso a dû aller retirer de l’argent parce qu’ils ne prennent pas non plus la carte bleue. Quand elle est revenue avec ces nouvelles, je me suis spécialement déplacé pour exprimer auprès du Harbour Master toute ma déception de payer au prix fort, contre toute attente, des services qui ne sont pas assurés.
Le lendemain, après quelques courses en ville et le plein d’eau, nous partons doucement direction Loch na Dal, un abri destiné à étaler un coup de vent de Nord. Anso nous prépare un pain bien chaud, très agréable.
Le coup de vent s’est déclaré dès la nuit tombée pour persister jusqu’à aujourd’hui. Force 6-7, rafales à 8, ça tire très fort sur le mouillage, pourvue qu’il tienne le coup ! Le vent siffle et Oléo se balade de droite à gauche en gîtant sous l’effet du fardage. Nous avons cependant la joie d’avoir Jaoul avec nous, une heureuse coincidence de se retrouver ensemble dans le même abri.