Après une nuit venteuse à Loch Na Dal, nous levons l’ancre pour tirer des bords vers le Nord. La baie de « Glenelg » est envahie de remous, nous mettons cependant l’ancre devant Kylerhea pour déjeuner et attendre la renverse. L’étroiture de Kylerhea est réputée pour ses courants forts qui peuvent atteindre 8 noeuds.
Nous passons le loch Alsh et le pont de Kyleakin pour atteindre une petite baie tranquille où passer la nuit, au sud de l’île de Scalpay. J’y serais bien resté plus longtemps, mais il faut partir au petit matin à marée haute pour passer une étroiture qui assèche, puis atteindre Portree.
Un trajet caractéristique des lochs montagneux : tantôt pétole pour pêcher (sans succès) à 2 noeuds, tantôt coup de vent pour avancer à 7 noeuds. Une belle promenade en compagnie de Jaoul.
Je ne garde pas un bon souvenir de Portree. Après avoir ancré dans la baie, Oléo se fait éperonner par une vedette qui m’ordonne d’utiliser les bouées payantes. La ville est envahie de touristes qui alimentent le commerce local, les plaisanciers font tâche dans ce décor soit dit en passant joli.
Nous croisons nos amis pour un apéro sur Oléo, puis ne tardons pas à partir. Nous aurions bien aimé faire le tour de Skye, mais la météo ne nous le permet pas, alors demi-tour. Notre escale sera Kyleakin, derrière le pont qui relie l’île à l’Ecosse.
Un très bon moment. Nous en profitons pour nous promener un peu. Chaque escale est accompagnée de son « castel » en ruine… celui-ci n’a plus que quelques murs.
Le vent est un peu menaçant le lendemain. On se fait secouer en sortant du « sound of sleat » qui longe la côte Sud-Est de Skye. Anso se paie un mal de mer et Charlie se met enfin à dormir grâce à ses amies les vagues.
Après mûre réflexion, car il faut absolument qu’on se protège d’un coup de vent de sud, nous choisissons « Loch Moidart », un mouillage enfoncé dans une terre verdoyante.
L’accès est délicat, il s’agit d’un labyrinthe étroit entre de nombreux récifs mal cartographiés. Mais l’effort en vaut la chandelle, ce décor sera certainement le plus beau de notre séjour !
L’endroit est calme et sauvage. Une abondance de relief, de roche et de nature. Je me risque à contourner l’île de Riska pour y trouver un mouillage abrité du Sud. Un fond plat de bonne tenue… bien heureusement car il y a tout de même du courant entre deux marées.
Nous nous promenons autour du château en ruine local. J’hésite à programmer un échouage d’Oléo mais compte tenu de la météo j’y renonce.
Dans notre baie, nous avons un voisin sympa dans son petit bateau, qui doit se sentir un peu seul car si l’endroit est beau, il est aussi très reculé, un lieu idéal pour se couper de la civilisation un moment.
Après l’épisode des vagues, Charlie dort plus difficilement, même en balade pourtant bercée par sa maman.
Qu’à cela ne tienne, nous reprenons la mer après deux nuits passées dans notre mouillage. Le vent est encore fort mais pas complètement d’Ouest, ce qui permet d’avancer à la voile… ou presque. Car la houle est plus grosse que prévu et le vent lui aussi plus violent et moins bien orienté.
Oléo s’enfonce dans les vagues, l’eau pénètre par les aérateurs que j’ai oublié de boucher en partant, le moteur nous traîne poussivement, le mouvement est infernal autant que le sifflement du vent et Charlie doit adorer ça car elle dort comme un loir !
C’est avec beaucoup de soulagement que nous nous offrons un dîner dans un bar de Tobermory ce soir-là, une vraie réussite gastronomique ! On recommande.
Nuit calme, plein de gasoil et d’eau, douches et bains pour tout le monde et nous voilà frais dispos pour repartir. Il y a du bon vent dans le sound of Mull, nous slalomons entre les voiliers à 6 noeuds de moyenne.
Nous ne savons pas encore exactement où aller, mais définitivement le vent de sud-ouest qui souffle à la sortie du sound of Mull, après Duart bay, nous incite à mettre le cap direction Kerrera car il serait bien inconfortable de partir au Sud.
Au Nord de l’île de Kerrera, nous retrouvons la joie d’un vrai mouillage tranquille. Seuls quelques moutons nous tiennent compagnie alors que derrière l’île la ville d’Oban grouille d’activité. Dehors il fait froid et venteux.
Dedans, il fait bon vivre et même bien chaud grâce au poêle. On s’occupe de Charlie, s’offre un apéro et un jeu de cartes, rentre les affaires qui doivent sécher et consulte les cartes marines.
Et tant pis pour la vaisselle et le ménage, on fera tout ça demain après une bonne nuit !
Pour ceux qui veulent des nouvelles de Charlie, elle grandit bien. D’ailleurs, nos alèses commencent à devenir un peu petites, dommage car notre fille adore rester dessus au centre du bateau à observer nos faits et gestes.
Elle veut parler comme nous, faire des tas de chose comme nous et même tweeter comme nous. Bref, elle est toujours aussi adorable même si comme tous les bébés elle casse un peu les oreilles quand elle à faim le soir avant l’heure du biberon.