Le brouillard ne finira-t-il donc jamais ? Parfois, on aperçoit la mer jusqu’à 50m alentours, d’autres fois, on ne voit pas à 10m devant nous. La navigation est douloureuse. Veille permanente sur le pont, dans l’humidité glaciale. A l’intérieur du bateau, il fait entre 12 et 15° car en navigation, par mer formée, le poêle est rarement allumé.
On s’habitue doucement aux températures. Mais quand la fatigue s’installe, quand le mouillage rouleur nous a empêché de dormir, c’est dur. Les séances d’habillage sont pénibles, surtout avec Axelle. A titre d’exemple, je porte 2 paires de chaussettes, un collant, un pantalon, un t-shirt technique ‘chaud’, une polaire ultra-chaude, un tour de cou, un bonnet, un ciré, des gants.
Des chaluts apparaissent et disparaissent dans la brume près d’Oleo. Des casiers aussi. Le soir, c’est au radar et au GPS qu’on entre dans les mouillages. La côte est paraît-il splendide, on n’en voit rien, juste la tête de quelques phoques curieux à côté du bateau.
Heureusement, il y a aussi de belles journées. A Shelburne, on profite d’une météo exceptionnelle. 28° au soleil, t-shirt et short obligatoire. Brad, notre voisin de ponton, nous file les clés de sa voiture. Un tour en ville, un au supermarché. Le printemps explose en couleurs, boutons d’or, violettes, myosotis, vert tendre.
Plus tard, à l’arrivée à Halifax, on émerge du brouillard gelé dans une autre dimension. Au bord de la rivière, des jeunes font des ricochets dans l’eau, d’autres, allongés sur un rocher, bronzent sous un soleil éclatant. On est encore en ciré, bonnet, écharpe et tout l’équipement. Après 3 jours sans voir le jour, on redécouvre la douceur lumineuse sur nos joues rougies par le froid.
L’escale à Halifax nous permet de parfaire notre équipement. Achat de chaussures imperméables et bien isolées, des gants, des duvets, des chaussons, chaussettes et collants pour les petites. 160l de bidons de gasoil supplémentaires pour augmenter notre autonomie. Quelques jeux pour les filles en prévision des longues journées en intérieur… Le portefeuille est mis à rude épreuve !
Immobilisés faute de vent, Guillaume utilise ce temps au mouillage pour installer un avertisseur sonore et des phares à l’avant et tout un tas de petits travaux. On range, on arrime, on nettoie. Le poêle est mis à l’épreuve, il dispense une douce chaleur réconfortante.
Le 3 juin, cela fait exactement un an que nous sommes partis de Carentan. On en a fait du chemin durant cette année, 10 500 milles ou près de 19 000 km ! Avec des hauts et des bas, des chauds et des froids.