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Atlantique 2015 Voyages

Quand la tempête s’éloigne

Il est des escales dont on aurait aimé se passer.

Dimanche, nous arrivons enfin à Inishbofin après une nuit et une journée de navigation éprouvante. Le vent est fort, encore et toujours, et la houle se lève. L’île semble être un bon refuge pour laisser passer la dépression.

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Sitôt à l’ancre, en face du quai de la navette maritime, le bateau se met à danser une gigue endiablée. De toute évidence, des résidus de houle entrent dans notre havre. Nous ne pouvons pas changer d’abri, la nuit tombe et nous sommes fatigués. Peut-être qu’à marée basse, le roulis cessera ?

Le lendemain matin, le vent qui ne cesse de forcir ne rend pas notre mouillage plus confortable. Dehors, la houle prend de l’amplitude, les vagues atteignent trois ou quatre mètres. Il pleut des cordes, l’humidité s’infiltre partout, le sol suinte.

Guillaume s’en sort bien, mais de mon côté, les effets du roulis se font sentir. Je me sens mal. Le vent siffle en permanence, la bateau grince, vibre et se balance sans cadence.

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Le village est pourtant tout près, nous pourrions nous réchauffer au pub, déguster une bière, prendre une douche au community centre mais le vent et la pluie ne nous accordent qu’un trop bref moment d’accalmie, juste de quoi nous donner un avant goût de plaisir.

Deux jours déjà que nous supportons ce mouillage infernal. L’ambiance à bord est à son firmament ! Le vent souffle par moment à plus de 30 noeuds, des rafales ébranlent Oleo. Nous avons mouillé une grande longueur de chaîne pour assurer notre mouillage autant que possible. Malheureusement, en tournant, le vent nous a rapproché de bouées et de canots à moteur que nous risquons à présent de toucher.

Mardi, la journée est telle que Guillaume passe de longues heures en ciré, à guetter le moindre dérapement de l’ancre. La nuit, le réveil sonne pour surveiller le bateau.

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Mercredi, la météo nous offre une fenêtre de vent de nord. La houle est encore haute de près de deux mètres à Slyne Head, mais cette occasion ne se représentera pas de sitôt, nous décidons de partir.

J’appréhende la navigation de peur d’être malade, encore. Des montagnes d’eau soulèvent le bateau par trois quarts arrière avant de se fondre dans les flots devant nous. Cette houle ample et le vent portant nous font avancer à une allure agréable, je reprends espoir. Oleo glisse sur des pans de mer à plus de 6 noeuds, le soleil perce timidement les nuages.

En fin de journée, nous atteignons Bertraghboy Bay. Un splendide panorama du Connemara s’offre à nous. Le vent est tombé, l’endroit bien protégé, le bateau ne bouge pas, un calme olympien me réconcilie avec les mouillages d’Irlande.

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Depuis Inishtrahull, Oleo n’a pas été épargné par le mauvais temps. Les dépressions se sont succédées, soufflant du sud et de l’ouest, sombres et puissantes, soulevant la houle et ballottant notre équipage. A l’exception de quelques rayons de soleil égarés sur les côtes pelées d’Irlande, le vent et la pluie, que nul arbre ne freine, ont balayé le bateau, rinçant les haussières salées.

Sous le ciel bas, le temps s’est engourdi l’espace de trois jours à Bertraghboy Bay. Calfeutrés dans le carré, nous avons laissé passer les trains de pluie chassés par 30 à 40 noeuds de vent. Une éternité.

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Puis l’été a reparu, il avait oublié que nous sommes en juillet. A Inishmore, dans les îles d’Aran, nous occupons une place indiquée par le « harbour master » sur le quai, à côté des ferries. Le bonheur d’aller à terre sans contrainte ! Seule la grande échelle qu’il faut escalader à marée basse nous sépare du petit village pittoresque.

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Cette fois, le sable est gris, parsemé de coquillages nacrés. Sur les chemins pierreux, des calèches attelées promènent les touristes de site en site. L’île est petite, parcourue de centaines de kilomètres de murets de pierres sèches. Pas un arbre ne pousse sur cette terre rocailleuse, mais ce paysage sévère et majestueux est de toute beauté. De petites plages argentées font le bonheur de Charlie.

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Trois jours plus tard, le vent nous porte tranquillement vers le sud. Nous passons la nuit à Smerwick. Les montagnes plongent dans l’eau de la baie sous le soleil couchant.

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Au petit matin, Oleo reprend sa route en direction de Valentia. Nous passons par les îles des Blaskets sans pouvoir nous arrêter, le courant nous porte et des dauphins nous accompagnent un moment.

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Arrivé à Valentia, un ponton nous attend, juste à temps pour un nouveau coup de vent. Nous retrouvons Paul, un ami de Guillaume rencontré il y a trois ans lors d’une escale dans cette même île.

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Knightstown est une étape parfaite pour notre petite famille. Le village est propret et pimpant. Il hésite entre les façades colorées typiquement irlandaises et les maisonnettes blanches de nos villages de Ré ou d’Oléron. Des fleurs à foison dans les cours, des champs et des moutons paissant au milieu des maisons, un petit port où les enfants sautent sur un trampoline aquatique.

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De manière plus prosaïque, en plus du ponton gratuit au pied de la rue principale, nous trouvons également dans le village une aire de jeux, des pubs, de délicieux irish breakfast au Royal hostel, une épicerie, un camping avec des douches à 5 euros les 6 minutes d’eau chaude (!), une community laundry prend nos 7 kilos de linges sales et nous les rend propres, secs et pliés pour 8 euros.

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A marée basse une odeur de varech flotte autour d’Oleo. Les grains se succèdent. Nous mettons à profit les belles éclaircies pour nous promener, aller au musée, prendre une glace et parfois nous nous faisons prendre par une averse. A la tombée du jour, un currach file le long de la côte. La mer résonne à la cadence de ses avirons.

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Jeudi, des bourrasques manquent de me jeter à bas du quai dans les flots enragés du port. Les embruns et les vagues brisant sur le ponton me trempent de la tête aux pieds. Je suis à essorer ! Déjà mon pantalon du matin sèche auprès du poêle dans le bateau d’avoir pris l’averse. Le linge suspendu envahit Oleo.

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Paul vient déjeuner et Guillaume profite de sa camionnette pour se rendre à Cahersiveen, de l’autre côté du bras de mer. Nourriture, couches, gaz, nous tiendrons un bon mois ! Les jours passent entre les gouttes et les rayons de soleil. Une semaine que nous sommes ici, il est temps de continuer notre route.

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12 réponses sur « Quand la tempête s’éloigne »

Re Salut Famille Oleo

Beau temps au Scilly ? fini la tempête
Profitez en bien c’est un avant gout des sables chauds du Grand SUD

Amitié

a+ Denis

ps : sur la trace d’Oleo peut-tu mettre des flèches pour le sens de rotation ?

Salut Denis ! Tout se passe bien à Carentan ? Le temps est venteux et houleux ici mais il y a du soleil assez souvent. Pour les flèches c’est une bonne idée, je verrai si l’API google le permet. Amitiés de nous tous.

Bonjour a tous,je suis votre votre aventure avec bonheur.vos récits et vos expériences décrites sont des plus intéressantes et utiles.on ne peux que vous remercier pour nous faire participer ces instants de liberté même si la mer n’est pas toujours belle et calme.la vie de marin quoi.moi même marin a la retraite depuis peu,cela manque au bout d’un certain temps d’être en pleine mer.alors a vous et a votre bateau continuez votre route et accomplisser votre rêve.je continue a vous suivre (aïs,internet). A vous tous bon vent et aux prochaines nouvelles. Merci. Cordialement. Bernard.

Merci ! C’est avec plaisir que nous écrivons le récit de nos tribulations et c’est encore plus agréable quand nous voyons que nous sommes lus ! Cordialement, Oleo’s team

Coucou les marins !

Gros bisous de la part des terriens. On pense bien à vous ☺!

Sans tempête ce serait trop facile … bon courage on vous envoie tout notre soleil …

Antoine, Elise, Baptiste, Julie et Gérald.

Merci ! Nous pensons bien à vous aussi depuis nos mouillages rouleurs aux Scilly. Le soleil est cependant au rendez-vous et nous attendons avec hâte de pouvoir passer en France avant de continuer au Sud. Bises à vous tous !

Coucou à tous,

Toujours une aussi jolie plume Anne-so, on tressaille avec vous devant tant de Houle, on s’impatiente de revoir le soleil.. J’espère que les filles ne souffrent pas du mal de mer. On vous embrasse bien fort. De notre côté départ pour les vacances ce soir, direction la Suisse. Anne

Bonnes vacances ! Le mal de mer se fait plus rare ces temps-ci, peut-être grâce à nos mouillages rouleurs qui facilitent l’amarrinage même s’ils ne sont pas agréables. Il y a un bon côté à tout ou presque ! La Suisse, c’est magnifique aussi, profitez en bien, biz.

Nous vous avons rencontré, avec plaisir, à BANGOR fin Juin.
Heureux de savoir que TVB pour OLEO, malgré météo dure cet été.
Votre dernière publi nous rappelle bien des souvenirs à bord de TIM (Armagnac qui précéda TIMSHELL) qui navigua aux Skelligs, Valentia, Blaskets, Inishmore … beaucoup apprécié l’IRL comme vous.

De notre coté nous sommes montés aux Hébrides via Islay, Crinan, Oban et jusqu’à Skye avec assez beau temps entre 1 et 8 Juillet, ensuite dans la Clyde et ses lochs, cela a commencé à se dégrader. Catherine a débarqué à Largs le 14 juillet pour prendre son vol de retour.
Ensuite , pour ramener TIMSHELL à Brest, j’ai subi comme vous, les chapelets dépressionnaires qui m’ont bloqué à Dublin (4 nuits sur coffre, S/SW 7à8), puis à Newlyn après une mauvaise nuit à louvoyer à Lands’end par E 7à8. Encore attendre que cela molisse … Enfin du NW, OK à Brest depuis une semaine; bateau intact 😉

Bravo pour ce beau tour d’ IRL, que la météo vous soit plus clémente, et T Bonne suite à votre beau projet, bien cordialement B&C

Re-bonjour et très heureux d’avoir de vos nouvelles ! En effet les locaux en Irlande nous ont avoués que cette saison est particulièrement difficile côté météo, les dépressions se succèdent et les coups de vent sont parfois costauds. Bravo à vous pour votre tour dans les hébrides. Notre programme nous amènera à Brest dans 2 ou 3 jours au Moulin blanc où nous ferons une escale technique de quelques jours. Si vous êtes dans le coin venez nous voir !

Salut à tous,
merci pour votre site, superbe par ses photos et ses récits.
nous vous suivons depuis notre bateau kejadenn, actuellement en nlle Écosse / Canada. Nous avons 2 enfants à bord aussi et on vous félicite pour votre courage et votre ténacité. Pas simple de naviguer avec des petits ! Ici nous ne rencontrons pas de famille en voyage sur un voilier, c est bien dommage mais votre site donne envie de naviguer avec vous !
bonne continuation !
Anne, François, mathile (7) Juliette (2)

Merci pour votre commentaire et bravo à vous de voyager, si loin de nous, avec vos enfants dans cette magnifique région… que nous comptons bien rejoindre l’année prochaine, car notre voyage actuel est un grand voyage. Nous sommes certains que nous serions aussi très heureux de vous croiser, nous venons de passer une semaine aux îles Scilly avec l’équipage de Zanzibar et leurs deux enfants, rencontré grâce à ce blog et à leur initiative. Quel plaisir de naviguer de concert avec une famille ayant les mêmes rythmes et contraintes que nous ! Nous vous souhaitons de belles rencontres et bon vent pour la suite de votre voyage.

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