Nous venons de traverser la manche, je suis fatigué, l’ancre a enfin crochée, le mouillage est stable, le délicieux fumet d’un vrai dîner m’invite à passer à table, un instant sacré de soulagement bien connu des voyageurs que pour rien au monde nous ne voudrions voir troublé. Damn ! Juste à côté, bébé qui fait ses dents et lutte pour s’endormir se met à hurler. Ni l’atténuation sonore du casque de chantier (prévu à cet effet), ni les aller-retours répétés pour chanter des berceuses ne parviennent à rétablir le calme et la sérénité dont nous avons tant besoin.
Heureusement Axelle est un bébé très calme au demeurant, qui sourit beaucoup. Elle adore quand on s’occupe d’elle, ce que maman et papa ont l’occasion de faire à plein temps dans notre espace réduit. J’ai décidé de l’appeler « madame nobib », car un biberon n’est acceptable que s’il est à la bonne température… dans ce cas seulement il est bu, mais pas jusqu’au bout ! Il reste souvent la moitié de ce précieux brevage réalisé avec l’eau douce du bord méticuleusement rationnée, ainsi que le lait en poudre dont la réserve s’amenuise… sacrée « madame nobib ».
Charlie est une petite fille joyeuse qui veut tout apprendre sur tout et qui parle de plus en plus. On change d’activité toutes les 15 minutes et tout va bien, mais il ne faut pas que maman ou papa s’absentent trop sinon la séance reprends : « papa ? », « oui ? », « maman ? », « oui ? », « papa ? », « oui ? », « maman ? », « oui ? »… Comme pour toute petite fille de deux ans, les repas débordent un peu et il faut bien surveiller les tentatives d’escalade et d’exploration de tous les recoins du bateau.
Rassurez-vous, si papa skipper est sensible à ces petites tracasseries, il n’en reste pas moins que la vie avec nos enfants s’est incontestablement améliorée depuis que nous sommes partis. Côté santé, rien à signaler depuis trois semaines, ce qui est un record absolu ! Quelle joie de voir nos enfants en forme et quelle économie de temps, de nerfs et d’argent de ne plus aller chez le docteur 3 ou 4 fois par semaine ! Enfin, depuis que nous partageons leur quotidien et qu’ils découvrent le notre, nous sentons que nos relations avec nos petits s’améliorent. Loin d’eux les parents fatigués du soir et du week-end, fruits de la frénésie parisienne d’un couple en activité.
Passons aux considérations matérielles. Oleo est un bon voilier, qui marche bien, six nœuds de moyenne c’est plutôt honorable pour un bateau de 10m. Mais ce n’est pas parce que nous sommes partis que la bricole s’arrête. Ça y est, le nouveau radar fonctionne (pratique dans le brouillard), la pompe à eau de mer aussi (super pratique pour la vaisselle), le poêle à gasoil est installé avec son nouveau carburateur et sa nourrice (à nous les soirées au chaud), la bôme est équipée d’une nouvelle écoute de grand-voile (pour l’installation future de la tente de cockpit) et l’installation informatique s’étoffe (partage de connexion très pratique et météo par satellite qui fonctionne).
En revanche le moteur hors-bord est redevenu capricieux (encore le carbu?) et le frigo ne marche pas mais il sert d’espace de stockage. On veut changer l’annexe actuelle, trop lourde et qui se dégonfle en permanence mais impossible de trouver le modèle qu’on recherche sur notre route. Les travaux de couture sont en retard car très chronophages et difficiles à réaliser avec nos enfants. Les équipements de sécurité sont en revanche de plus en plus nombreux et perfectionnés, un article sera consacré à ce sujet.
Enfin, difficile de libérer du temps pour le reste : la photo, la vidéo, les retouches et les montages qui vont avec. Jusqu’ici j’utilise un smartphone pour prendre un cliché quand j’y pense, mon boitier est toujours dans son équipet. La gopro c’est génial, mais les vidéos intéressantes doivent être prises dans des situations qui requierent toute notre énergie physique et morale, pour l’instant je n’ai pas encore le réflexe de l’installer sur le front pour vous faire part de ces actions palpitantes.
Nous sommes actuellement aux îles Scilly et c’est très agréable de se reposer un peu. Comme me le fait remarquer Anso, nous ne ressentons pas l’exiguité du bateau jusqu’ici, nos enfants se sont très bien habitués au voyage et malgré l’avitaillement réalisé pour 1 à 2 mois il nous reste encore beaucoup de place.
6 réponses sur « De Carentan aux Scilly, début de voyage »
Salut les marins,
Ca fait plaisir de voir que tout se met doucement en place et que les filles prennent leurs marques.
Bonnes continuations et merci pour votre petite carte des Scilly.
Pleins de bisous.
Xavier
Bises à vous tous aussi. Oui les filles prennent leur marque. Une fois sur deux Charlie a le mal de mer, on espère que ça va s’arranger ! A très bientôt.
Que des bonnes nouvelles !
Merci pour tous ces détails et les photos …et très grosses bises affectueuses de toute la tribu paloise ( Louise est en train de naître ! )
A + !
Super ! Une nouvelle petite fille dans la famille.
le voyage prend bonne tournure et le blog permet d’imaginer un peu votre vie. S’il y avait une carte un peu précise de votre itinéraire cela aiderait les ignares en géographie anglaise ! Je ne vise que moi bien sûr ! bises à chacun… et bon vent !
Merci Nola. On a effectivement la trace de notre trajet, on la postera prochainement c’est promis. Et je te rassure, avant de les visiter nous étions aussi des ignares de ces contrées curieuses où il fait encore jour à minuit.