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Sésame, ouvre toi !

Dans un voyage en mer, l’eau douce est un sujet important. Il ne faudrait pas en manquer au milieu de l’Atlantique ! Heureusement, de ce côté là, Arthur est bien pourvu avec 3 réservoirs d’eau, dont un de 600 litres. C’est l’un des nombreux critères qui nous avaient décidés pour l’achat de ce Dalu 47 de chez Meta.

Au-delà de la quantité d’eau, il faut également en vérifier la qualité. Souvent, les réservoirs en plastique donnent un goût épouvantable à l’eau du bord et en limitent la consommation pour la boisson, d’où les réserves de rhum sur les voiliers.

Là aussi, Arthur a des atouts : ses réservoirs sont structurels, c’est-à-dire qu’ils sont construits à même la coque en aluminium du voilier et si l’eau n’a pas de mauvais goût, Guillaume estime cependant qu’il faut ouvrir nos réservoirs pour en vérifier l’état et les nettoyer avant notre départ.

Qu’à cela ne tienne, Guillaume soulève les planchers qui révèlent les regards des réservoirs. Ces derniers sont, comme tout Meta, des plaques d’aluminium ultra solides, fixées par un nombre incalculables de vis et de boulons.

Allez, zou, un peu de nettoyage. Eh oui, ça fait sûrement pas mal de temps que les cuves n’ont pas été inspectées. Quelques tours de pinces pour dévisser les boulons et hop, Guillaume attrape la poignée du regard et tire dessus.

Il tire, retire, tire encore, force un peu, rien ne vient… Allez, c’est un peu coincé, va falloir dégripper tout ça, pas grave.

Guillaume passe un cordage dans la poignée pour tirer plus facilement. Hum, facilement, vous avez dit ? Le couvercle fait de la résistance.

Une barre à mine pour faire levier, ça devrait le faire. Avec ça, pas de problème, le regard cédera ! Mais non, pas du tout. Il s’accroche à son réservoir comme une bernique à son rocher. Rien ne bouge, rien ne frémit. On le cajole un peu, lui susurre des mots tout doux. Si tu t’ouvres, on te donnera un nouveau joint… Le couvercle fait la sourde oreille.

L’énervement commence à poindre. On n’a pas que ça à faire et voilà déjà un après-midi de gâché pour rien. En plus, si le couvercle est dans cet état, collé par de l’alumine, comment va être le réservoir en lui-même ?

Le lendemain, Guillaume reprend les opérations : nettoyage à fond des pourtours du couvercle, dérochage, rinçage, nettoyage à l’eau claire, barre à mine, corde, rien n’y fait !

A ce moment là, ce n’est plus de l’agacement. Les insultes fusent : put*in de regard de m*rde, tu vas t’ouvrir conn*rd ? On laisse infuser un peu, puis Guillaume réessaie. On arrête, on recommence, les jours passent jusqu’au drame : la poignée du regard, soudée, cède devant un tel déploiement de persuasion…

Mais hélas, sans poignée, comment va-t-on faire pour l’ouvrir ce put*in de regard, bord*l de m*rde ?

Ce problème devient une question d’honneur : qui cédera la premier ? l’homme ou l’objet ? Le premier a des envies de meurtres tandis que le second semble aussi serein qu’un lac d’étain.

Bref, c’est à la perceuse que Guillaume attaque son adversaire : deux trous pour y passer un cordage en guise de poignée. Mais rien n’y fait, les cordages pètent les uns après les autres, le câble électrique aussi et quand on passe au cric de voiture pour tenter de soulever le couvercle, ce n’est pas ce dernier qui plie le premier….

Ah pour du solide, c’est du solide ! Allez, courage Guillaume.

Mais c’est plutôt la rage qui l’anime lorsqu’il prend une masse et frappe de toutes ses forces sur le regard : et vlan, et boum et bam. Des traces de marteau marquent la plaque d’aluminium de cicatrices profondes. Le regard flanche, creuse, frémit sous les attaques.

Victoire ! la plaque se désolidarise légèrement du réservoir qu’elle obture. Guillaume insère un nouveau cordage dans les trous qu’il avait fait et peut enfin, après quelques secousses, ouvrir le regard.

Ce que nous avons trouvé dessous, c’est une autre histoire… à suivre !

5 réponses sur « Sésame, ouvre toi ! »

Une horreur ces trappes, elles sont trop petites et tellement difficiles à ouvrir après 30 ans… j’ai ressoudé des poignées et ajouté un joint supplémentaire.

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D’après Aristote, il y a trois sortes d’hommes: les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer. J’en rajoute une quatrième: ceux qui vivent dans l’aluminium.

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