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Choisir un poste à souder pour l’aluminium

Pour préparer notre bateau, j’aurai besoin de faire pas mal de soudure sur de l’aluminium, avec un poste à souder adéquat. En particulier pour le nouveau portique, le remplacement de pièces en bois qui vieillissent, des réservoirs, des raccords, etc. Pouvoir souder l’aluminium serait non seulement utile pour nous, mais aussi pour les copains qui ont un bateau en alu.

Une pièce en bois à remplacer par de l’aluminium.

Les particularités de l’aluminium

Le problème, c’est que contrairement à l’acier et l’inox, souder l’aluminium s’avère bien plus complexe et coûteux. L’aluminium fond à basse température (~660°C) mais il est très conducteur (5 fois plus que l’acier). Il est également recouvert d’une couche d’alumine qui fond à + de 2000°C. Il faut un poste capable de casser la couche d’alumine et de maintenir un bain de fusion stable, malgré la conductivité thermique du matériau.

Une autre pièce en bois à remplacer par son équivalent en aluminium.

Et comme la pièce à souder monte très vite en température, plus on soude vite avec de fortes intensités, mieux c’est. Cela nécessite une bonne dextérité, donc de l’entraînement. Enfin, l’aluminium est un matériau multiple composé d’une grande quantité d’alliages plus ou moins soudables.

Les fonds (à nettoyer) du bateau ont des épaisseurs d’alu qui nécessiteraient du triphasé pour être soudé.

Quel poste à souder ?

Contrairement à un poste MMA permettant de souder aciers et inox à l’électrode enrobée, le poste TIG AC/DC ou MIG adapté à l’aluminium est plus volumineux et onéreux. En sus d’être obligatoirement doté d’une bouteille de gaz elle-même volumineuse, coûteuse et contraignante.

Des tôles de pont de 10mm, une épaisseur limite pour du monophasé.

Je me renseigne, j’y réfléchis sérieusement depuis un an. De très, très nombreuses heures passées à apprendre la théorie, étudier les retours d’expérience, les procédés et le poste adapté à nos besoins.

Un bon poste à souder MIG pulsé est idéal, mais pas adapté à l’itinérance.

En outre, quand on envisage de pouvoir souder sur le bateau en voyage c’est encore plus compliqué ! Pour une utilisation industrielle, l’idéal serait un poste MIG triphasé d’atelier avec option double pulsé. Mais il y a deux grosses contraintes :

  • la difficulté de trouver du triphasé en voyage et l’impossibilité de l’utiliser avec un groupe électrogène embarqué (un groupe triphasé est extrêmement lourd et volumineux),
  • l’encombrement et le poids de l’engin.

Bref, après avoir étudié en long en large et en travers tous les postes MIG pulsés de la création, je me suis rabattu sur un TIG AC/DC. Les principales raisons (un peu techniques) de ce choix sont les suivantes :

  • Le TIG permet de souder tous les matériaux avec une unique bouteille d’Argon pur, tandis que le MIG nécessite des gaz différents en fonction des matériaux, donc plusieurs bouteilles.
  • Le TIG est plus adapté aux fines épaisseurs, pour fabriquer ou réparer par exemple des réservoirs et de petits objets.
  • Le TIG n’émet pas de projection, ce qui est plus approprié pour souder dans un espace exigu, à côté du matériel de navigation. Un environnement très aéré et parfaitement sécurisé reste nécessaire.
  • Les soudures TIG (maîtrisées) sont parfaitement étanches et dépourvues de porosités.
  • Un poste TIG est en général plus petit et léger qu’un poste MIG.
  • Le métal d’apport prends moins de place (baguette vs bobines).
  • La plupart des postes TIG acceptent des tensions d’alimentation variables (110V à 230V, voir 380V).
  • Il est facile et rapide de passer d’un matériau à l’autre.
  • Un poste TIG est en général un bon poste MMA.
  • Le procédé TIG est plus approprié aux interventions sur des tôles aluminium abîmées par la corrosion électrolytique.

Voilà pour les avantages. Il y a aussi des inconvénients :

  • Une consommation de gaz importante (on peut tout de même souder plus vite avec de fortes intensités et réduire le débit avec un diffuseur approprié).
  • Un temps d’apprentissage long, le TIG est une technique difficile à maîtriser sur les aluminiums.
  • Une vitesse de soudage moins importante que le MIG.
  • Le procédé est moins adapté que le MIG pour souder de fortes épaisseurs (>8mm).

Premiers pas avec mon poste à souder TIG AC/DC

Mon nouveau poste permettra de souder tout ce qu’on veut sur notre bateau hormis la coque et les éléments de structure épais. Voilà une bonne semaine que je m’entraîne, je confirme que c’est bien plus compliqué que souder l’acier à l’électrode enrobée, mais j’adore ! Je progresse même s’il me reste du chemin à parcourir pour souder n’importe quoi dans n’importe quelle position.

Un poste à souder TIG AC/DC adapté à l’aluminium.

Pour illustrer les quelques difficultés à surmonter sur de la soudure alu, voici une de mes toutes premières soudures (assemblage bord à bord de 2 petits profilés, 2mm d’épaisseur, sans pédale) et mes commentaires subjectifs sur les problèmes constatés :

  1. Les bords ont tendance à fondre et à faire des trous, ici j’ai évité le trou avec un point. Réduire l’intensité et souder pulsé ?
  2. Cratère en fin de cordon + porosité peut-être due à une oxydation ou l’introduction d’une impureté.
  3. Ici la pièce est très chaude (je soude de droite à gauche), le cordon a tendance à s’étaler et il faut souder très (trop) vite.
  4. Point avec cratère et porosité.
  5. Ici j’ai fait l’expérience de réduire l’intensité, pénétration difficile, certainement un collage.
  6. Bon cordon, pénétrant, mais manque de régularité.
  7. Point trop petit qui a failli se fendre. Aujourd’hui je fais des mini-cordons en guise de points.
  8. Bonne pénétration mais cordon pas droit.
L’arrière de notre bateau en alu. J’étudie la possibilité d’avoir un portique et une jupe.

Conclusion : ça marche :). Aujourd’hui je progresse bien, notamment grâce à la pédale qui permet de faire varier l’intensité au fur et à mesure que la pièce monte en température. Mais je ne maîtrise pas encore bien les assemblages plus complexes. Programme de cet hiver : trouver des fournisseurs de matière et de gaz (ce dernier fond très vite !), m’entraîner et encore m’entraîner.

7 réponses sur « Choisir un poste à souder pour l’aluminium »

bonjour Guillaume,
Je suis les aventures d’Oléo depuis la saison une 🙂 Et je vois que nous avons quelques points communs, Nantes, le chantier de l’Esclain…
En rapport avec votre problématique, j’ai fait la connaissance cet hiver de Bernard qui a construit son Porto, plan Harlé dans son jardin.
http://siwa-construction.over-blog.com/

Très accessible cette rencontre avec Bernard fût riche d’enseignements.
Je prépare de mon côté un Tokay, le n°2, comme le Revad de Pascal et Lorraine (rencontré cet été) dont il est question chez Daffy… Le monde des marins voyageurs a l’air assez restreint ! Bon apprentissage et heureuse année.

Bonjour Vincent,

Merci pour votre message. Je ne sais pas depuis quand vous êtes à l’Esclain mais nous nous sommes peut-être croisés ;). Ce Bernard est impressionnant, il faut une sacrée dose de courage pour construire un tel bateau dans son jardin. Où en est SIWA aujourd’hui ? Bonne préparation pour votre Tokay, bonne année et à bientôt !

Hello Guillaume,
Merci pour vos vœux !
Siwa est du côté de Toulon avec un nouveau propriétaire. Le Tokay est Nantes, je suis à Paris… Mais nantais, j’y reviens souvent, enfin en ce moment c’est plus compliqué.
Je suis « tombé » là dessus si ça peut aider :
http://www.almet-marine.com/images/clients/FR/Guide-des-utilisateurs-de-l-Aluminium/Ch06-le-soudage.pdf
http://www.almet-marine.com/fr/informations-techniques.html
Cette entreprise a fourni les tôles de Siwa, elle se trouve à Carquefou… Pour une rencontre ce sera avec plaisir, fin février au plus tôt. A+

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