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Une journée au port avec nos bébés

Voilà 10 jours que nous sommes à Tenerife aux Canaries ce jeudi 22 octobre, sur notre voilier de 10m avec nos deux bébés à bord, Axelle, 9 mois, Charlie, 2 ans et demi. Une durée d’escale record depuis notre départ il y a 4 mois et demie. Ce matin nous nous réveillons au radar comme d’habitude, les grasses matinées étant de l’ordre du souvenir depuis que nous vivons 24h/24, 7j/7 avec nos chères petites. Maman prépare les biberons tandis que je m’approche de la couchette d’Axelle pour la prendre.

Axelle est toujours souriante au réveil, un plaisir vite gâché par une odeur suspecte de selle, suivi de la vision d’horreur du débordement de la dite selle sur son pyjama, sa turbulette et ses draps. Un bébé c’est mignon, mais il y a tout de même de regrettables inconvénients.

Je l’attrape du bout des doigts, demande à Anso de préparer des protections pour le change puis l’allonge afin de procéder à l’opération. Elle n’aime pas ça, crie dans mes oreilles, ce qui a le don de m’agacer d’autant plus que je n’ai pas eu une minute à moi pour passer au toilettes, prendre un café ni même boire un verre d’eau.

Comme a son habitude elle se débat et je la manipule comme je peux. La selle a débordée jusqu’au torse, je lui retire sa couche et dans un geste aussi rapide qu’imprévu mademoiselle plonge ses mains dans sa merde liquide puis s’agite en gestes rapides et incontrôlés barbouillant tout ce qui l’entoure. Je l’immobilise de force et l’essuie à grand renfort de lingettes imprégnées, froides et gluantes. Bonjour le réveil !

Il nous faut bien une heure pour achever le petit déjeuner, entre les biberons, les cafés et un rangement sommaire. Après ça Anso doit aller chercher les clés de la voiture de location tandis que je reste au bateau pour le déplacer avec les filles, il faut le changer de place car c’est le jour du plein de gasoil.

Charlie reste avec moi dans le cockpit tandis qu’Axelle joue dans notre lit à l’avant. Je largue les amarres et manoeuvre le bateau, une vraie tâche de gymnaste tant il y a d’objets à enjamber sur le pont. En 10 minutes nous sommes amarrés à notre nouvelle place plus accessible pour le camion-citerne, tout se passe bien, du moins l’espérais-je.

Tandis que je finalise l’opération, Anso rentre et découvre Axelle toute nue, elle a retirée sa couche… et souillé le lit d’un gros pipi, merci ! Relativisons il n’y a que la literie à changer car entre temps j’inspecte le moteur et découvre qu’un silent-bloc (pied qui supporte le moteur) est rompu et qu’il est hors de question de partir sans remplacer cette pièce par une nouvelle, qu’il nous faudra trouver là où nous sommes. Mais ce n’est pas la priorité de la journée, un bébé ne s’arrête pas de vivre parce qu’un silent-bloc doit être changé.

Une fois à notre nouvelle place nous tentons de mettre un peu d’ordre et d’avancer sur les préparatifs de la journée. Charlie s’ennuie et Axelle « fait ses dents », ce qui se traduit en râles ininterrompus. Seuls ceux qui ont un bébé peuvent imaginer à quel point le cri de son propre enfant est stressant, ce timbre spécialement conçu par la nature pour foudroyer papa et maman, un véritable supplice à supporter des heures durant dans un espace réduit. Anso est résignée, je tente un « ça suffit Axelle ! » sans effet puis j’enfile mon casque de chantier, la journée continue.

Il est midi, le plein est fait. Tandis que j’étais avec les gars du camion-citerne Anso tentait d’occuper les petites avec des jeux et des chants. Ce ne fut pas de tout repos car en fin de matinée les filles sont fatiguées et énervées, ça crie, ça pleure, ça excite encore nos tympans et nos nerfs. Nous décidons d’aller faire un tour en voiture du côté de la montagne du Teide pour se changer les idées.

Alors qu’il faut 5 minutes pour se préparer sans enfants, une bonne demi-heure doit être consacrée à ce que nos bébés soient en état de partir : changées, rassasiées et équipées d’une batterie de denrées, biberons, poussette, porte-bébé, jouets et autres matériels de change pour les quelques heures de notre balade.

Arrivée à la voiture, Charlie profite de sa couche fraîchement changée pour faire caca. Revenir au bateau pour la changer ou le faire sur place ? Pas de temps à perdre, Anso se dévoue pour la changer dans le coffre de notre véhicule surchauffé, répandant une odeur nauséabonde dans l’espace réduit dépourvu de climatisation qui nous servira d’abri pour l’après-midi. Vite, on ouvre les fenêtres et on y va !

Quelle idée d’avoir choisi le Teide ? Volcan culminant à 3718m dont 3500 peuvent être montés en voiture sur une route en lacets. Les bébés n’aiment pas les changements de pression atmosphérique, ils pleurent très fort pour le signaler. A 1600m d’altitude nous nous arrêtons sur le parking d’un belvédère dont le magnifique point de vue est gâché par le brouillard bien dense dans lequel nous nous trouvons, d’autant plus qu’il pleut des cordes, mais peu importe, soulager nos oreilles est (encore) l’urgence du moment !

Nous décidons de descendre afin de visiter des contrées plus proches du niveau de la mer. Petite baignade sur une plage de sable noir à côté d’une air de jeux pour enfants, voilà un excellent endroit pour passer de bons moments avec nos filles. Je joue sur l’estran avec Charlie tandis qu’Anso s’amuse avec Axelle, nous passons une heure à admirer à quel point nos petites progressent en motricité, elles poussent des cri de joie que nous supportons beaucoup mieux, on en profite.

Le temps passe. Il existe sur cette îles des milliers de merveilles à découvrir mais c’est sur une simple plage que nous passons le plus clair de notre temps, afin de laisser libre court à l’épanouissement de nos filles.

On décide quand même d’y aller, direction le supermarché pour finir les courses avant de rendre la voiture. Entre les rayons, Axelle est dans le porte-bébé, elle aime bien ça, mais finit par s’agiter et à me frapper le dos avec ses poings… insupportable. Charlie trouve le siège bébé amusant 5 minutes, après quoi elle exige de marcher en poussant le caddie, une « aide » rendant la progression de l’avitaillement lente et inconfortable. 30 minutes plus tard, nos filles geignant et s’agitant de plus en plus, nous décidons de passer à la caisse illico presto, au diable les produits que nous aurions oubliés.

Sur le chemin du retour elles s’endorment. C’est beau et silencieux. Nous serions soulagés si le trafic routier à Santa Cruz de Tenerif n’était pas aussi dense. Charlie était si profondément endormie qu’il a fallu 5 minutes de sollicitations pour qu’elle ouvre un oeil… cette sieste tardive n’est pas un bon présage pour l’endormissement du soir.

Les affaires sont transférées dans le bateau, en vrac. On rangera demain, la priorité est au dîner des petites. Axelle boit son biberon sans se presser, au bout de 20 cl elle décide de faire une première pause de 10 minutes. C’est long 10 minutes. Trop long pour papa qui déclare forfait et passe la main à maman, plus patiente.

Charlie mange avec sa fourchette comme une grande, mais avec beaucoup de difficulté. C’est toujours « trop chaud » ou « pas bon », les négociations pour qu’elle mange son riz grain par grain sont interminables, elle cherche à droite et à gauche des prétextes pour retarder la prochaine bouchée, un avion qui passe par là, une nouvelle position à prendre… la moitié du contenu de la fourchette dégouline pour se retrouver par terre et ainsi de suite. Les rats et les cafards vont adorer notre bateau quand on sera sous les tropiques.

Le soir, on lit des histoires avant d’aller au dodo. Axelle est toute excitée, elle saute sur le lit de notre couchette en poussant de grands cris de bonheur. Charlie est très intéressée par l’histoire, elle en redemande. Il est l’heure d’aller au lit. Axelle pousse un hurlement de désapprobation et Charlie se faufile au fond de sa couchette à contre coeur, réclamant un câlin.

Ce soir, comme prévu, l’endormissement est difficile. Axelle est debout qui tire sur le rideau de protection, manquant de le déchirer. Charlie réclame des câlins et de l’eau sans discontinuer. Quand ce cirque s’arrêtera-t-il ? Il nous faudra une fois de plus faire preuve de beaucoup de patience.

Demain, la journée sera longue entre les denrées alimentaires à réorganiser puis les courses à ranger, la vaisselle accumulée et la liste des travaux à faire dont la réparation du moteur, avec nos deux petites dans les pattes. Ce soir, profitant enfin du calme (relatif de la ville) dans notre lit douillet (et changé), je me dis qu’à côté des conditions qui sont les nôtres, mes périples en solitaire étaient tellement plus faciles.

Rassurons-nous, au global tout se passe bien car nous sommes plein d’énergie et bien entourés. Notre rythme est seulement différent et nos escales réussies quand nos deux bébés y trouvent de quoi s’amuser. Nous rêvons de croiser un nouveau Zanzibar avec qui partager un bout de route, diviser les difficultés par deux, multiplier les bons moments par quatre, offrir à nos filles des copains et des copines pour s’amuser. Avis aux familles qui sont sur la route des alizés !

12 réponses sur « Une journée au port avec nos bébés »

Je pense qu’on peut officiellement qualifier cette journee de « journee de m….. ». Et encore, elles n’ont pas vomi dans la voiture de loc…..

On constate que les filles ne manquent pas d’imagination pour titiller les nerfs de leurs parents. Si jamais, elles viennent a etre a court d’idees, Blanche et Gabin se feront un plaisir de leur faire quelques suggestions. (Gravir les marches de l’escalier, grignotter les fils electriques, casser la vaisselle, grimper sur l’aspirateur, monter sur la porte du lave vaisselle…)

Evidement certaines ne sont pas applicables a la vie a bord mais ce n’est que partie remise.

Bon courage pour la suite, on vous souhaite plein d’autres belles journees a l’image de celle ci 😉 !

Ne pas oublier de les compiler dans le carnet de bord.

La ZANZIBAR’team

Une journée bien gratinée en effet. Il faudrait qu’on note plus souvent les surprises que nos filles nous réservent parfois. Ce n’est pas de tout repos mais il faut reconnaître qu’on ne s’ennuie pas et qu’elles nous apportent au moins autant de bonheur que de soucis, ce qui est quand même l’essentiel. Merci à vous de nous suivre avec autant d’assiduité, bonne préparation des prochaines navs !

Bon sang… Merci pour ce récit qui m’a bien fait rire, il faut le dire, à vos dépens.
Je partage l’analyse plus haut, une sacré journée de m…

Bonne chance pour la suite !

Fred

Il vaut mieux en rire en effet. La journée n’était pas si de m… que ça puisque nous avons eu de bons moment au bord de la plage et une balade plaisante, le plein a été fait et nous avons avancé sur d’autres sujets tout en gérant nos filles et les dégats. Le rythme est simplement plus élevé qu’on le pense… parfois on rêve de pouvoir les déposer ne serait-ce qu’une heure à la crèche ou chez les grands parents !

J’espère qu’il y avait une bonne laverie au port !
Ah les bébés ! C’est si mignon ! On aimerait bien les voir plus souvent !
Vos petites sont magnifiques et malgré le récit, super gentilles !
Et courage pour les nouvelles aventures dans les nouvelles escales, on vous souhaite de belles rencontres !
Gros bisous des papi Mami !

En effet c’est mignon. Mais comme dirait Nicole (elle se reconnaîtra), ces enfants sont tous des Chicouf ! Le voyage continue 😉

C’est rassurant de se dire qu’on est pas les seuls à avoir des journées «intéressantes» 🙂

Par exemple nous hier on a été pour la 2ème fois en 1 mois (jour pour jour) aux urgences pédiatriques pour 2 points de suture (3 la première fois) pour Léon qui ne trouve que rien n’est plus drôle que de faire des acrobaties à 1 mètre du sol carrelé.

Dis-toi que ça ira mieux quand la période couche sera passée, après c’est… différent, mais moins ragoutant la plupart du temps…

Courage à tous les 4 et profitez quand même de vos petits coins éloignés.

PS: rien à voir mais un collègue voudrait avoir le modèle et la référence de ton antenne Wifi pour son coin paumé…

Salut Christophe ! Eh oui, quand on passe un temps considérable à s’occuper de bébés frondeurs ça soulage un peu de se dire qu’on est pas les seuls. Nous avons eu mal pour vous quand on a appris votre panne de voiture lors de votre retour de Brest. Bon courage avec votre petit casse-cou, j’espère qu’il se souviendra de son vol plané au dessus du carrelage pour faire un peu plus attention la prochaine fois… c’est un chicouf lui aussi 😉

L’antenne est une Horizon IH-G12 12db, à utiliser avec un bon modem, le AWUS036H est parfait pour capter les bornes les plus éloignées.

Bonjour la famille!

Ah je vois que ma petite filleule fait des siennes! Je comprends bien ce que vous vivez et encore vous n’avez pas un bébé comme Paul que nous appelons vomito je vous passe les détails…

bonne traversée!

bisous

Nous suivons avec intérêt votre grand périple. Que de découvertes et d’imagination.
Votre site est vraiment très bien construit et agréable à consulter.
Bonne mer et bonne suite. Nous vous embrassons.
Isabelle et Claude

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