Nous levons l’ancre assez tôt pour bénéficier des courants favorables. Les deux tiers de notre trajet des Scilly à Guernesey se feront dans des conditions idéales : vent suffisant pour avancer à 6,5 noeuds, clapot pas trop désagréable, beau temps.
Mais les bonnes choses ont une fin, parfois même assez brutale. La nuit est noire, le courant devient franchement contraire, nous sommes en plein dans le rail Nord et au milieu des pêcheurs, le vent tombe instantanément laissant Oleo à la merci de la houle. Nous n’avons que le moteur pour nous dégager du rail et soulager le gréement. Au petit matin, Anso dort avec Charlie et je peste contre les éléments en photographiant le lever du soleil.
Bref, nous profitons des courants et vents à peu près favorables qui se manifestent par la suite pour atterir dans la marina de Beaucette au nord de Guernesey. Un repos bien mérité, mais court puisque nous devons repartir le lendemain pas trop tard à cause d’un vent d’Est forcissant qui rends difficile la sortie du port.
Puis nous naviguons à la voile entre ferries et speed-boats, jusqu’à Moulin Huet, un petit mouillage au sud de Guernesey. Un peu rouleur mais nous profitons tout de même d’un peu de repos dans un cadre grandiose.
Lendemain, départ pour Sercq dans l’après-midi, vent fort qui doit s’accélérer. Le havre gosselin est un bon abri contre un coup de vent d’Est. Malheureusement il est pris d’assaut et nous devons mouiller par 16m de fond dans un endroit moins protégé. Comble de malchance, une bouée se libère 5 minute après pour s’offrir à un nouvel arrivant opportuniste. Le bateau bouge, le vent souffle et le moral baisse.
A cet instant, je rêve d’être dans un endroit reculé où l’on ne se bat pas à 12 pour la même bouée. Un endroit que l’on peut encore explorer parce qu’il n’est pas battu par des milliers de touristes à l’année. Un endroit exempt de plages et de criques chargées de soleil et de vacanciers. Voyager loin et se sentir un peu explorateur et missionnaire, ça rend le voyage utile et c’est mon moteur à moi. Badaud parmi les badauds, je ne me sent pas à ma place.
24 heures de galère et quatre mouillages en eaux profondes plus tard, nous nous précipitons sur une bouée nouvellement libre et finalement notre fin de séjour à Sercq sera agréable. Nuit rouleuse mais reposante, balade à terre le lendemain pour poster le courrier, faire les courses et prendre le petit déjeuner au village.
Nous sommes partis « en touriste », sans montre ni information concernant les marées, du coup l’annexe s’est retrouvée suspendue à son amarre à notre retour.
Coup de vent terminé et soleil revenu, l’endroit devient franchement bondé d’embarcations mais nous passons un agréable après-midi sous le taud du cockpit.
Nous libérons notre coffre à 17 heures pour profiter des courants favorables, cap au nord, destination dépendant de là ou le vent nous porte. A 8 noeuds de moyenne nous arriverions trop tôt à Aurigny, on bifurque donc à l’Est pour la baie d’Ecalgrain, au près d’un vent de nord-est. Cette nuit, elle aussi, sera un peu rouleuse.
Le raz blanchard expulse Oleo de la baie au petit matin, 13 noeuds faiblissant à 9-10 noeuds après le cap de la Hague, en direction de Cherbourg que nous atteignons en un temps record de 2h30. Une route optimisée pour aller chercher courants et vents plus au nord et qui s’avèrera plus efficace que celle emprunté par les quelques voiliers qui faisaient une route plus directe.
A Cherbourg, nous nous amarrons à côté d’un voilier pas plus grand que le notre et tout de même chargé d’une famille de 5 enfants de 8 à 15 ans, soit 7 personnes avec les parents. Ambiance incessante de chamailleries, de cris et de rires autour de papa, dont la lassitude non dissimulée fait un peu peur à voir. Petit tour à Cherbourg, salutations à Guy qui a reconnu Oleo, puis nous repartons le lendemain en fin d’après-midi dans les courants du cap de Barfleur.
Notre dernier mouillage du voyage sera la grêve de la ville, une petite anse au nord de Barfleur. Nous nous y reposons très bien, d’autant plus que Charlie nous fait sa première vraie nuit. Maman se sent revivre. Le lendemain, petit tour à la voile jusqu’à la baie des Veys, nous pêchons 4 maquereaux qui passeront au barbecue peu après. J’hésite à échouer pour régler une fois de plus mon p… de problème d’hélice, mais le vent est au NE donc trop dangereux.
Finalement, on rentre à Carentan. Olivier, un employé du port, nous accueil avec sourire à l’écluse, nous sommes un peu fatigués mais heureux. Depuis ce moment nous n’arrêtons pas de récurer le bateau et de régler les petits problèmes. Il me faudra échouer ou mettre Oleo sur le terre-plein prochainement pour enlever le coupe-orin que je soupçonne d’être à l’origine des problèmes.
Voilà enfin quelques statistiques sur notre voyage :
- 2 mois de voyage, 3 pays visités (Angleterre, Ecosse, France)
- 1801 milles nautiques parcourus, soit environ 2900 km
- Quelques 360 couches changées dans le bateau
- 20 îles parcourues
- 12 marinas et 32 mouillages
- Latitude atteinte la plus au nord : 57° 44,5
- Vitesse maximale : 13,5 noeuds (25 km/h) dans le raz blanchard
- Vitesse moyenne : 5 noeuds (= vitesse d’un joggeur)
6 réponses sur « Des Scilly à Carentan »
Hello and welcome back to France 😉
Quel beau voyage ! Ça fait réver d’autant plus que je ne pense pas que je ferais un jour ce genre de périple en mer.
En tout cas, merci pour ce journal de bord dont la lecture est toujours un grand bonheur.
Au plaisir de se voir,
Eric
PS: actualité aquatique hors sujet: les français sont champions du monde du 4x100m nage libre à Barcelone. Un relais haletant, avec une remonté fantastique. A voir et revoir.
Salut Eric. Ah oui c’est impressionnant, remontée au tout dernier moment. Toujours passionné de natation, tu me raconteras si tu as eu l’occasion cet été de concourir. Merci pour ton passage sur ce blog. On se réadapte à la région parisienne en ce moment et je découvre tout ce qui est nouveau dans PHP et ZF depuis notre départ, je suis content des évolutions. A très bientôt.
Coucou les Oleotistes !!!! Super cette balade et Bravo à vous 3 !
Bravo à Charlie du haut de ses 3 mois et + qui nous a fait tant de beaux sourires! Bravo à AnneSo qui a assuré la nuit ! et bravo à Guillaume qui a mené ,aidé d’AnneSo bien sur!, de mains de maître Oléo qui a encore engrangé quelques miles sous ses quilles !!!!!!! héhé ! aller bon courage et à très vite ! Amitiés!François
Merci François, de notre côté on suit avec intérêt ton blog, c’est sympa d’avoir fait un petit détour en Irlande. Profite de la fin de ton voyage et du soleil qui fait bien son boulot cette année ! Charlie était ravie de sa croisière, elle a du coup un peu de mal à s’adapter à une vie différente dans un endroit plus statique avec des bruits de ville qu’elle ne connait pas encore, mais elle se porte bien. Tiens nous au courant et préviens-nous quand tu arrives sur Carentan !
Salut à vous 3,
Très beau périple que j’ai suivi régulièrement. Bravo !
Merci pour ces belles photos parfaitement commentées.
A bientôt
Merci Xavier, bon courage pour la préparation de ton nouveau voilier !