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Articles d'Anso Atlantique 2015 Voyages

Chroniques d’une navigation

16 heures le 16 juin, nous quittons les Scilly par une belle matinée ensoleillée. Un léger souffle d’air tiède et iodé caresse doucement nos voiles, nous avançons à l’allure d’un vénérable centenaire perclus de rhumatismes. En un mot, nous nous traînons !

Les dessous d'Oleo après les Scilly

Nous traînons mais avec délice sur une mer tranquille, chapeau sur la tête, menthe à l’eau et crème solaire. La traversée vers Skomer s’annonce sous d’excellents auspices.

14 heures, l’heure est à la sieste, j’en profite  pour prendre une douche dans le cockpit. Le soleil a chauffé des seaux d’eau, pas une voile à l’horizon pour troubler ce moment, je m’asperge avec bonheur à l’eau de mer puis à l’eau douce.

16 heures, la bonne odeur du pain perdu embaume le bateau pour fêter le 5ème moisversaire d’Axelle.

Jack le pigeon

17 heures, Oleo accueille un passager supplémentaire à bord : un pigeon bagué a élu domicile dans notre annexe.

18 heures, rien à signaler, beau temps, bon temps.

19 heures, le dîner est rapidement expédié avant le coucher des filles.

20 heures, je m’installe à l’extérieur pour veiller, Guillaume se repose.

Oleo en nav

22 heures, j’ai lu une bonne partie du livre de Farley Mowat, Le bateau qui ne voulait pas flotter. Je rends les commandes à Guillaume.

17 juin, 2 heures du matin, je n’arrive pas à dormir, le bruit de l’eau sur la coque et les mouvements du bateau me privent de sommeil. Je propose au capitaine de le relever mais il décline mon offre.

6 heures, je prends mon quart. L’air est mouillé, le jour gris sale dans son manteau de brouillard. Le bonnet enfoncé jusqu’aux yeux, l’humidité perce mes habits et poisse la peau. J’aperçois de loin en loin l’aileron de quelques dauphins qui croisent ma route, ils ne s’attardent pas.

Charlie à bord

9 heures, Charlie découvre avec enthousiasme des marsouins joueurs et contemple avec ravissement leurs ébats.

11 heures, la houle est devenue franchement désagréable, notre matelote rend son petit déjeuner. Sans patch, je ne résisterais pas à l’assaut des vagues. Avec, j’ai simplement la bouche pâteuse d’un lendemain de cuite accompagnée d’un léger mal de crâne.

Skomer island

Nous nous dirigeons vers l’île de Skomer où nous espérons trouver un abri, mais la houle nous poursuit avec ténacité.

12 heures, Jack nous quitte enfin après avoir redécoré le bateau et l’annexe de ses fientes ! C’est dit, on ne prendra plus de bateau stoppeur aîlé à l’avenir.

13 heures, Oleo est amarré à une bouée dans la crique nord de Skomer. Le bateau roule sans excès.

17 heures, la météo annonce un changement de vent, notre mouillage ne nous protégera pas. Nous devons partir rapidement.

18 heures, nous reprenons nos pérégrinations, Charlie dans le cockpit avec son seau, le bateau sommairement rangé et Axelle à l’avant joue avec ses pieds.

Vie à bord

19 heures, les filles se reposent. Nous empruntons un étroit goulet entre l’Angleterre et l’île de Ramsey. Oleo file à 12 noeuds sur une mer couverte d’écume, tourbillons à droite, à gauche, les vagues se brisent sur les rochers de toutes parts.

20 heures, Axelle prend son dernier biberon de la journée tandis que des cannelloni chauffent pour le dîner. Une mauvaise vague répand mon thé au sol en une libation bien involontaire aux dieux de la mer.

Grain

21 heures, les petites sont couchées, les berceuses chantées. Une odeur de fumier nous prend au nez, indiscutablement nous approchons de la terre ! Guillaume prépare notre arrivée au mouillage, il commence à pleuvoir.

22 heures, l’ancre a touché le fond, enfin !

23 heures, j’enlève les habits que je porte depuis 36 heures pour me glisser sous la couette. Dehors le vent souffle, la pluie tapote doucement sur le hublot de la cabine. Il fait bon dans le lit, bonne nuit.

4 réponses sur « Chroniques d’une navigation »

Toujours aussi passionnant. Merci Anso ! Les photos sont géniales…
C’est un réel plaisir de vous lire tous les deux !
J’espère que vous aurez plein de surprises dans vos prochaines étapes…gros bisous a toute la petite famille !

Anso, tu as le talent d’une conteuse… Que c’est agréable de vous lire, Guillaume et toi, on a l’impression de faire un peu partie du voyage !
J’espère que les maux de coeur seront bientôt de l’histoire ancienne.
Grosses bises et pensées des terriens aux matelots

Au risque de répéter ce qui a déjà été dit, c’est toujours un plaisir de vous lire tout les deux.
Aucun doute, ce sont bien les joies de la navigations que vous décrivez !!!

Merci Xav. Bientôt les joies du Donegal et pour vous celles des navigations dans des eaux plus chaudes ! A suivre, à suivre.

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