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Irlande 2012 Voyages

De Crookhaven à l’île de Valentia

Comme dans les films, notre belle aventure à deux prends fin sous une pluie battante. Dans l’annexe qui me rapatrie au bateau je suis nostalgique à l’idée de reprendre la mer sans mon équipière préférée, qui a été formidable.

Bref, nos débuts à Crookhaven puis dans la baie de Bantry ne nous laissent que d’excellents souvenirs. Petit flash-back avec comme d’habitude quelques photos.

Nous sommes à Crookhaven et nous devons partir. Compte tenu des courants et de la météo, il faut voyager de nuit. A deux heures du matin je détache Oléo de son coffre et hisse les voiles en direction la baie de Bantry.

Le voyage est on ne peut plus paisible. Vent faible, nuit calme, légère lueur des étoiles à travers les nuages. On distingue le bruit des cascades sur la côte de Mizen Head.

Entre Mizen Head et Bear (ou Bere) Island, le vent et la mer sont plus que calmes et le jour se lève. Un dauphin vient nous tenir compagnie, nous prenons quelques photos et profitons du soleil dans le cockpit.

La baie de Dunmanus qui est accolée à Bantry est remplie de pêcheurs. L’un d’eux vient sur nous avec son filet à la traîne et nous demande de nous éloigner de sa trajectoire.

Petit coup de moteur jusqu’à la passe Ouest de Bear Island sinon on en aurait pour la journée. Nous mouillons dans la baie de Bullig, une petite anse bien protégée au Sud de Dunboy où je nage jusqu’à la rive pour prendre quelques photos.

Le trajet de Bullig au port de « Lawrence Cove », au Nord-Est de l’île, est super : mer d’huile, petit vent tranquille, nous avons tout le loisir d’admirer l’île et la côte, ainsi qu’une épave en plein milieu.

Le petit port de Lawrence nous a laissé plutôt bonne impression. Il est tout petit mais dispose de tout le confort que l’on peut souhaiter : eau, électricité, wifi, sanitaires et douches. Le prix de la place est correct mais attention aux services !

  • Prix de la place pour Oléo : 24€
  • Électricité : 3€
  • Douche : 2€ par personne x2 = 4€
  • Dépose des poubelles : 6€ (!) avec une ristourne car nous en avions pour 11€ !

Un tel tarif pour déposer des poubelles est surprenant. Voyant que nous froncions les sourcils, la gérante du port nous explique que la gestion des déchets sur l’île est très stricte et fortement taxée.

Le lendemain, nous visitons Lonehort avec Oléo, un mouillage très abrité dans une baie artificielle, construite par les militaires. L’entrée est délicate et l’endroit est tranquille, peut-être un peu sinistre.

Puis cap sur Adrigole, trajet à l’issu duquel nous pêchons deux beaux maquereaux pour notre repas du soir. Un régal, surtout au barbecue. La peau du poisson se décolle très facilement et sa chaire est excellente.

La baie d’Adrigole est un vrai bon plan. Sur les sept bouées visiteur disponibles nous étions seuls. L’endroit est calme, peuplé de phoques et d’oiseaux, aussi nous décidons d’y rester plus longtemps que prévu.

La ville se résume en un petit bistro très sympa (avec wifi gratuit), son « beer garden » et quelques maisons éparpillées. En Irlande il y a toujours un pub au centre du village.

A ce stade, notre cabotage dans la baie de Bantry est un enchantement. Je mesure à quel point l’Irlande est parfaite pour la navigation grâce à ses nombreux mouillages et abris exploitables.

Notre séjour à deux dans la baie de Bantry s’écourte. En ce début de matinée, nous effectuons un joli départ à la voile depuis Adrigole pour la baie de Trafrask, un peu plus à l’Est.

Elle est un peu ouverte au clapot mais très romantique cette petite enclave de Trafrask, avec son unique bouée visiteur jaune. Quelques maisons ont accès à la baie.

Après une courte pause nous repartons direction Glengariff. Un trajet encore une fois on ne peut plus agréable, avec ce qu’il faut comme vent pour avancer tranquillement et se faire plaisir.

A l’entrée de la grande baie de Glengariff, nous sommes accueillis par un groupe de phoques sur leur île.

Notre emplacement est venteux mais stable, juste ce qu’il faut pour faire un plein d’électricité. En revanche la visite du village nous a laissé un peu perplexe. Celui-ci est exclusivement tourné vers le tourisme, les magasins de souvenir pullulent et tout y est plus cher qu’ailleurs.

Sur le bateau heureusement il fait bon vivre : dîner de fête, jeu de cartes, visionnage des photos et lecture au lit.

Dernier jour ensemble. Nous partons le lendemain à la voile sans difficulté vu le peu de vent disponible. Il nous faudra 1h30 pour traverser la moitié de la baie.

Moteur, direction Bantry ville, nous slalomons entre les fermes aquatiques, puis mouillons par fond de vase dure. Petite visite du centre qui s’avère agréable et animé. Notre dernier repas est un fast-food face à l’arrêt de bus d’Anso. Son trajet la mènera à Cork puis à Dublin où elle prendra l’avion pour Genève afin d’y rejoindre sa famille dans le Jura.

De mon côté, retour au bateau. Je lève l’ancre, démarre le moteur et me sent tellement seul que je décide d’aller dire au revoir à Anso avec Oléo dans la baie artificielle qui mène au centre-ville, près de l’arrêt de bus. Il pleut, la visibilité est réduite et le moral pas très bon. Je file à l’Ouest, voiles en ciseaux, au portant d’un vent d’Est poussif. Notre café et jeu de carte quotidien me manquent, je dois prendre le rythme de la navigation en solo.

La météo annonce un vent frais avant lequel je souhaite arriver à l’île de Valentia. Un coup de moteur sera nécessaire pour pousser Oléo jusqu’à l’embouchure de la baie où, dans l’obscurité, j’entame l’étroite traverse de l’île de Dursey en priant pour que le mât ne touche pas le câble électrique… ouf ! Ça passe.

Le trajet est mouvementé, le gréement souffre, la visibilité est toujours mauvaise et le vent ne veut pas venir. Mais j’arrive cependant à dormir par séquences de 10 à 20 minutes. Je décide de mettre le Génois pour me pousser et ce qui devait arriver arriva : trois heures après le vent se met à souffler d’un coup, en rafales. Enroulement difficile du Génois.

Cela fait plaisir, en arrivant à l’Est de Valentia, de retrouver un plan d’eau plat. Je ne sais pas où aller et décide que si je ne trouve pas mon bonheur parmi les bouées ça sera le port dans la rivière, un peu plus loin.

Et la chance me sourit ! Je m’amarre au solide ponton d’une marina en construction et j’y rencontre Paul, un fin connaisseur du coin, qui me dit qu’il y a de l’eau, de l’électricité et que tout cela est… gratuit ! Et je n’imagine pas encore à quel point ce coup de pouce sera salvateur.

Dans l’après-midi le vent se met à souffler avec une rare violence. 20m de fetch suffisent à soulever un clapot déferlant, heureusement je suis du bon côté du ponton et Oléo est stable. Je double les amarres. Avec ce que l’éolienne me fournit en courant j’ai de quoi alimenter le frigo, l’ordinateur via le convertisseur 220v, la radio et l’éclairage avec en prime une charge rapide des quatre batteries.

Inexorablement le baromètre baisse, d’environ 1hpa par heure : de 1012 à mon départ il dégringole à 987 le lendemain ! Je suis coincé là et heureusement c’est un bon abri. Il fait bon vivre dans mon bateau quand tout est bien fermé et isolé du tumulte de l’extérieur, se sentir en sécurité est fort agréable.

Aujourd’hui je suis toujours à Valentia, dans le « Book shop » recommandé par Paul qui s’avère un concept génial : internet gratuit, bar et de nombreux livres à disposition. Un environnement parfait pour quelques jours de travail.

6 réponses sur « De Crookhaven à l’île de Valentia »

Salut Guillaume,

Tu as fait de bien belles photos de l’Irlande. Il faut reconnaitre que l’endroit s’y prête fort bien, et il semblerait que tu aies eu jusqu’alors un peu meilleur temps que nous.
Bonne continuation, désormais seul, pour ton périple vers le nord.

A bientôt,
JF

Salut Guillaume ! De très belles photos comme d’habitude. Je te souhaite de ne pas te sentir trop seul… certainement une petite phase de transition à passer et ça ira ?! Je t’accompagne en pensées …

A bientôt !

@JF : bien le bonjour à toi et à vous tous à Carentan ! En effet ici l’air est pur, les paysages sont magnifiques et la végétation luxuriante, le cadre est agréable aussi bien pour les photos que pour la navigation. Cette semaine le temps est horrible mais ça va s’arranger ! J’espère pouvoir avancer vers le Nord comme prévu.

@Eric : salutations également à toi, Christophe et toute l’équipe. A Valentia je suis loin d’être seul, il y a plein d’anglophones avec qui discuter. Au bout de 4 ou 5 jours je me surprends même à penser anglais à force de causer ;).

J’espère poster un article sur Valentia très bientôt !

De retour à Paris je découvre cet article ! J’aurai tellement aimé rester à bord, mais les vacances ont toujours une fin 🙁 même mes meilleures.
Heureusement, les moyens de communication ne manquent pas !
Bon vent mon cap’tain et surtout bon retour !!!

Bonne reprise et à très très bientôt ! Je commence à reprendre le travail petit à petit moi aussi : immersion dans un environnement anglophone et veille technologique sur les nouvelles versions de PHP et Zend Framework. Paré pour la reprise dès la fin du mois !

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